Le septième art a de magnifiques vertus : celle de faire rêver, de nous faire oublier le temps d’une heure et demie notre quotidien qui peut être morose. Malheureusement, la frontière entre réalité et imagination peut vite se brouiller et certains préfèrent se rassurer en se réfugiant dans cette vie imaginaire qui leur réserve de plus belles choses. C’est notamment le cas de Cemil.
Cemil a un rêve, celui d’être acteur. Il idolâtre Turgay Göral, ancienne gloire des films de série B et veut devenir comme lui jusqu’à en connaître par cœur chacun de ses rôles. Quand l’opportunité d’un premier rôle se présente, il saute sur l’occasion. Seul problème, le garçon a beau être passionné…il est très mauvais acteur. Immédiatement recalé sans même avoir pu jouer une scène entière, Cemil retourne à sa vie morose comme agent de sécurité dans un grand centre commercial. Une lueur d’espoir apparaît lorsqu’il apprend qu’une de ses collègues s’avère être la fille de Turgay Göral. L’occasion pour lui de le rencontrer et d’enfin connaître le secret qui lui permettra de devenir acteur. Mais quand ça ne veut pas, ça ne veut pas, le comédien décède brutalement. Cemil se plonge alors à corps perdu dans l’œuvre de son idôle alors qu’il se fait persécuter de tous les côtés, notamment par son boss – qui accessoirement couche avec sa collègue -. Le jeune homme va peu à peu se réfugier derrière les plus grands rôles de méchants de Göral pour essayer de s’en sortir et de devenir quelqu’un.
Qui n’a jamais eu envie de se glisser dans la peau de son héros (ou anti-héros) préféré ? De quoi se sentir invincible le temps d’un instant. Mais pour Cemil c’est bien plus que ça, une obsession à tel point qu’il connaît toutes les répliques mais aussi toutes les gestuelles. Une passion effrayante mais le brave garçon n’a rien d’autre dans sa vie pour se divertir. Un peu gauche, un peu naïf, son patron le traite comme un chien et ses collègues l’ignorent à l’exception de la belle Burcu qui officie au bureau d’accueil.
La réalité se confond avec la fiction et Cemil se persuade qu’il est dans un des films de son héros, quitte à s’attirer de gros ennuis. Des ennuis qui le poussent à ce point de non retour, Cemil n’est plus Cemil, il est un des méchants incarné par Turgay Göral et doit mener à bien son film pour la gloire et l’amour du cinéma. Ce qui commençait comme une simple comédie célébrant de manière naïve l’amour du cinéma se transforme en thriller, une descente aux enfers au fur et à mesure que le visage de Cemil se couvre de sang. La folie est palpable mais elle est presque émouvante tant il est prêt à donner sa vie pour l’art.
Véritable hommage aux films turcs des années 70 (à travers de fausses images d’archives kitsch au possible), The Cemil Show est le portrait touchant d’un homme qui perd pied et qui, pour tenter de se trouver un but, se raccroche à ses rêves et au cinéma.
The Cemil Show de Bari? Sarhan. Avec Ozan Çelik, Nesrin Cavadzade, Alican Yücesoy… 1h42