Le prix du film le plus angoissant de l’année est décerné à The Sadness de Rob Jabbaz. Un long-métrage totalement barjo, autant que l’origine du projet. Le réalisateur canadien décide de faire un film à Taïwan avec l’aide d’un ami riche Taïwanais ancien rappeur millionnaire qui a fait fortune dans les sites de camgirls et la cryptomonnaie. Taïwan a été épargné pendant un temps du COVID, laissant à nos compères une place de choix pour parfaire la conception de The Sadness, lui permettant également d’avoir peu de concurrence lors de sa sortie. Sans grande surprise, ça a été le cas, mais ça n’a pas empêché pour The Sadness d’être un échec commercial. Aujourd’hui The Sadness a droit à une nouvelle chance en allant parader dans les festivals du monde, dont l’Étrange festival.
Ce n’est pas un film de zombie, et pourtant tout y fait penser jusqu’à cette volonté de faciliter sa promotion en le catégorisant ainsi. On a affaire à un virus qui ressemble sans grande surprise au Covid. Un jour il mute pour transformer les malades en des êtres absolument abjects qui ne vivent que de leurs bas-instincts, en tuant, violant et en faisant les pires immondices. On s’éloigne donc d’un trope déjà suffisamment balisé afin de jouer avec les pires côtés de l’humanité. Rob Jabbaz exacerbe un comportement humain qu’on a pu observer pendant la pandémie. The Sadness a de bien, qu’il ne souhaite pas simplement jouer de la situation actuelle, au contraire profite de celle-ci pour y démontrer un talent et une inventivité à toute épreuve.
Un jeune couple amoureux se réveille à la lueur d’un soleil doux et chaleureux. Ils se cajolent, se disputent, se préparent dans un moment merveilleusement calme. Alors que la mise en place du récit semble des plus lambda, dans une envie d’instaurer le calme avant la tempête, on comprend très vite que son histoire n’est et ne sera pas vraiment originale. Balisée par un cahier des charges propre à ces films de contamination, on peut sembler inquiet d’observer une œuvre prévisible. Fort heureusement ce n’est pas un souci car l’idée première du réalisateur est de rechercher un cinéma de la violence qui s’épanouit à travers l’image qui crispe, angoisse et fascine. Lors de l’ouverture, un scientifique inquiet prévient lors d’une interview du danger éminent, écouté à moitié par notre protagoniste, tel l’annonciateur prophétique de la folie à venir.

The Sadness est à la recherche de l’insoutenable, il est l’orfèvre d’une angoisse qui, après la séance, a du mal à redescendre. Il marque à travers un intérêt tout particulier à une violence sans limite. C’est un film bruyant, qui ne souhaite pas faire de concessions, nous avons la plupart de nos sens exposés à une charge de stress hallucinante. Ses acteurs ne sont pas en reste, aidés d’un maquillage formidable, ils expriment une vraie terreur à travers leurs yeux ronds. On est rapidement subjugué par ces effusions de sangs et ces scènes de tueries. Quand la violence commence par une personne contaminée qui jette une friteuse sur la tête d’un serveur pour ensuite gratter sur la peau de son visage en ébullition, nous avons ici la promesse d’un rollercoaster de qualité.
Éprouvant, hallucinant et fort en angoisse, The Sadness n’est pas un film facile, il n’est pas à mettre devant toutes les paires d’yeux. Il a pour seul défaut quelques longueurs obligées. Force est de constater que la jeunesse continue à nous surprendre pour perpétuer la tradition de ces films de l’angoisse et de la violence.
The Sadness, de Rob Jabbaz. Avec Regina Lei, Berant Zhu...1h39
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