À la fin du 19ème siècle, apprenant l’existence d’une prophétie le destinant à être assassiné par l’un de ses enfants, Isaac LeMay décide de partir à la recherche de ceux-ci dans le but de les éliminer. Son fils Cal, lui aussi habité par une frénésie meurtrière, ainsi que des shérifs et des chasseurs, se mettent en travers de sa route et compliquent la tâche du père.
Ayant eu son âge d’or entre les années 1930 et 1950, le genre du western se fait de plus en plus rare dans nos salles obscures. L’Amérique des rêves et des pionniers mourant à petit feu à partir de la fin des années 1960, le western est peu à peu remplacé par la science-fiction dans les années 1970 jusqu’à quasiment disparaitre. Retour en 2021, The Last Son, sixième long-métrage de son réalisateur Tim Sutton, se définit premièrement à travers son approche d’un nouveau western. La modernité de la narration permet au film de prendre une distanciation historique avec l’époque dans laquelle elle se situe. En cela, The Last Son aborde une forme hybride à la croisée des genres.
L’une des caractéristiques majeures du film est la représentation, d’une froideur abyssale, des personnages. Ces derniers se voient offrir très peu de lignes de dialogues et sont majoritairement caractérisés par leurs actes plutôt que par leurs dires. La cruauté est également celle des images. De fait, le film effraie par l’individualité de ses personnages mais surtout par les choix de réalisation et de cadrages qui permettent de les mettre en scène. Les meurtres ne sont pas sujets à la surenchère mais, bien au contraire, c’est la simplicité avec laquelle est représentée la facilité de l’acte meurtrier qui nous terrorise.
De telle manière, Isaac LeMay, le personnage principal, traverse le film tel un animal à la recherche de ses proies. Il en ressort un ressentiment physique, s’apparentant à une nécessité pour le personnage. Ici, The Last Son emprunte au genre du slasher. L’anti-héros y est obnubilé par le fait de tuer qui parait, chez lui, inné. De plus, le spectateur éprouve ici une forme de compréhension vis-à-vis d’Isaac. La balance sentimentale ne penche pas vers celui-ci par ses motivations obscures mais grâce au fait que, une fois les premières séquences passées, l’enfant qui reste à tuer se révèle être une véritable ordure. Le fils étant alors encore plus antipathique que son père, il nous est alors impensable de souhaiter que la prophétie se réalise et que Cal tue son père.

Ainsi, cette prophétie est à la fois la ligne directrice du film mais se montre également comme sa plus grande faiblesse. Une prophétie se définissant comme l’annonce d’un événement futur par une personne prétendant connaitre l’avenir, il nous frappe immédiatement par ce sentiment de savoir ce qu’il va advenir des personnages. Tim Sutton semble prendre en considération ce problème scénaristique mais, à défaut de tenter une dissimulation des indices, le réalisateur décide de donner toutes les clefs en main au spectateur. Fini le jeu des surprises, Tim Sutton assume l’évidence de son film. Mais il le sait, l’enjeu se trouve ailleurs.
Une photographie jusqu’au-boutiste, un montage efficace… Sous ses airs de longue balade forestière, le film cache en réalité un dynamisme constant qui se ressent dans l’accord parfait des séquences entres elles. Ici, tout est violence, sang ou inhumanité. The Last Son résonne telle une nouvelle voix d’un genre qui semblait avoir tout dit.
The Last Son, de Tim Sutton, Avec Sam Worthington, Thomas Jane, Heather Graham … 1h36