Présenté à la quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes en Mai dernier, le second film du réalisateur letton Juris Kursietis nous laisse de quoi réfléchir.
Introspectif et immersif, Kursietis crée avec Oleg la surprise. On y suit un jeune garçon bouche letton, Oleg, interprété par Valentin Novopolskij, quittant son pays natal pour Bruxelles pour subvenir aux besoins de sa famille et régler ses dettes. Il y trouve un travail et de meilleurs conditions de vies, jusqu’à une trahison injuste suite à un accident du travail qui le fait virer. Il est ensuite recueilli par un polonais, Andrezje, qui se révèle très vite être de mauvaise fréquentation. Il tombe rapidement sous son emprise et entre alors dans un calvaire pratiquement sans fin.
Par ses plans, par le jeu des acteurs, on entre directement dans l’ambiance du film. Celle-ci peut s’avérer très rapidement anxiogène, mais aussi parfois positivement surprenante. On est en proie au besoin d’Oleg et on veut absolument le voir triompher, sortir de cette situation plus qu’alarmante car on la vit avec lui.
Oleg dépeint une réalité pas si éloignée de la nôtre avec ce portrait de migrants. Le film a parfois des allures de reportage documentaire – probablement du au fait que son réalisateur est également journaliste -, ce qui rajoute de la force à son propos. L’oeuvre nous apparaît également comme une possible explication à la situation que vivent les migrants. Face à la souffrance et à la pauvreté d’autrui, un sentiment d’inconfort nous traverse, nous qui habituellement sommes étrangers à la connaissance d’une telle difficulté.

Oleg est un film qui marque, nous touche directement, droit au cœur. À travers les conditions glaçantes et les épreuves d’Oleg, on nous rappelle le cadre de vie des peuples contraints aux migrations. Par l’utilisation de teintes froides, claires et presque blanches, on est sans cesse ramené à cette dureté de vie, à ce sentiment que la société l’abandonne.
Il y a aussi, de par sa rencontre avec Andrezje et la mafia polonaise, la question de la force et de la manipulation mentale qui se pose. Comment Oleg fait-il pour tenir ? On voit au fur et a mesure du film qu’il est dans une prison non seulement physique mais aussi psychologique. La réponse à cette question nous est présentée dès les premières minutes du film et est présente tout au long du métrage.
Impressionnant, et porté par un sujet d’autant plus important, Oleg, par sa réalisation, son montage intelligent et son casting efficace, est un film qui sait nous émouvoir et nous choquer de par la cruauté et la mise à nu dont il fait preuve. Il est sûrement l’un des meilleurs films étrangers à voir pour cette fin d’année.
Oleg de Juris Kursietis. Avec Valentin Novopolskij… 2h
Sortie en salles le 30 Octobre.