Le Festival Du Film Coréen à Paris, c’est déjà terminé! Sept jours intenses où nous avons pu assister à de très nombreuses séances, l’occasion de prendre notre dose de cinéma coréen pour l’année, et surtout de découvrir des œuvres qui passent difficilement les frontières.
Le festival a d’ailleurs connu une affluence record cette année, beaucoup de séances étant complètes, preuve que le bouche à oreille fonctionne et que la réputation de l’événement lui fait jouir des meilleures augures. Comme l’année dernière, on retrouve la compétition pour le Prix du Public, avec la section Paysage, où se mêlent films sociaux, historiques, mais aussi des documentaires, tous ayant pour trait commun de présenter un portrait de la Corée à divers moments de son histoire.
Gagnant de cette sélection, le très sympathique MAL.MO.E, the secret mission, où un groupe de résistants durant l’occupation japonaise entreprend la création d’un dictionnaire pour préserver la langue et le sentiment coréen. Gardant un aspect léger, le film s’inscrit dans une reconstitution juste, où on ne boude pas son plaisir avec des personnages touchants et savoureux.

Ce qui nous marque le plus dans cette sélection demeure dans la qualité des films sociaux, souvent indépendants, qui abordent pour la plupart des sujets d’actualité, et surtout des problématiques humaines. On pense notamment à Between The Seasons, relatant la difficulté des personnes LGBT à trouver une acceptation sociale, mais aussi à Our Body, véritable coup de cœur du festival. Le premier film de Han Ka-Ram parle de la situation des femmes qui, passée la trentaine, se retrouvent évincées si elles n’ont pas intégré les codes sociaux coréens. Réalité glaçante, que l’on voit disséminée dans nombre de films présentés en cette édition mais qui ici est au cœur du sujet, et bouleverse.

C’est sur les documentaires que l’on peine à s’y retrouver. Si Shoot The Sun By Lyric nous charme de par son sujet – les années de combat et manifestations pour protéger le système de quotas cinématographiques face à l’impérialisme américain – , les autres se perdent en ne traitant leur sujet qu’en surface (Kim Gun) ou ennuient par leur narration laborieuse (Gravity of the tea). On retient cependant Last Scene, sur les derniers jours d’un cinéma de quartier de Busan, qui touche par sa nostalgie.

Mais une édition du FFCP ne serait rien sans sa section Événement, nous faisant parvenir quelques films très populaires, et la section Portrait, mettant à l’honneur un réalisateur invité pour l’occasion. Deux films “événement” ont particulièrement retenu notre attention. Exit, film d’ouverture, comédie catastrophe décomplexée qui parvient à distiller un humour très efficace sans retirer d’enjeu à son sujet, et Extreme Job, qui propose également un mélange de comédie d’action et de film policier complètement déjanté.

Côté portrait, le réalisateur mis à l’honneur est Kim Jee-Woon. Puisqu’une surprise n’était pas suffisante, il est accompagné d’un de ses comédiens récurrents, et d’un homme avant tout considéré comme l’un des plus grands acteurs coréens, Song Kang-Ho. Lui qui nous a régulièrement titillé la rétine dans les films de Park Chan-Wook et Bong Joon-Ho (notamment Parasite qui le fait enfin connaître aux yeux de tous) est ici pour présenter avec le réalisateur trois films dans lesquels ils ont collaboré : The Quiet Family, Le Bon La Brute Le Cinglé, et The Age Of Shadows.

L’occasion de voir, une fois encore grâce au mélange des genres, la versatilité des créateur·ices coréen·nes. The Quiet Family nous propose une comédie “familiale” à coup de meurtres dans une auberge, là où Le Bon La Brute Le Cinglé part dans l’épopée grandiloquente en Mandchourie, rendant hommage au western avec une dose de dérision. Dans un registre beaucoup plus “assagi”, The Age Of Shadows nous conte la résistance coréenne lors de l’occupation japonaise, et des décisions radicales que doit prendre un collaborateur en proie au doute. Bien plus violent et sérieux dans son ton que MAL.MO.E, The Age Of Shadows montre surtout la capacité d’un réalisateur au premier abord épileptique dans sa mise en scène pour le classieux, la fresque historique soignée et maîtrisée. Mais on y voit également la capacité de Song Kang-Ho à habiter tous les rôles dans lesquels il joue.

Vous l’aurez compris, à l’instar des précédentes éditions, ce quatorzième Festival du Film Coréen à Paris est un franc succès. Mais au-delà de ce compte-rendu, notre rédacteur s’est rendu avec l’équipe de son podcast Certains L’Aiment À Chaud pour faire une émission-fleuve qui revient plus en détail sur le ressenti d’après-film, enregistré à l’issue de chacune des séances auxquelles lui et sont équipe ont assisté. L’épisode est en deux parties, on vous met les liens, vous pourrez y retrouver une critique à chaud sur les films qui vous intéressent, la description vous donnant le code temps pour y accéder directement. Bonne écoute !
Un grand merci à l’équipe du Cinéma Publicis de nous avoir permis d’assister à l’événement dans les meilleures conditions, et nos félicitations à l’équipe du Festival pour leur professionnalisme et la réussite de l’événement. Pensées à David Tredler et sa sélection toujours renouvelée et intéressante.