Oh et puis merde. Avant de vous parler films de patrimoine, de vous rappeler qu’il existe un cinéma avant les sorties actuelles et qu’il dégorge de merveilles, on épure ce qu’il y avait en salles. Pour aussi vous rappeler que quand ça réouvrira, faut aller voir La Bonne Épouse, mais faut balancer Papi Sitter aux oubliettes. L’occasion pour nous de faire un point sur toutes ces horreurs qu’on voit régulièrement et dont on parle peu et de se rappeler que le cinéma, c’est aussi une chiée de mauvais films, et que les ignorer ne les fait pas moins exister.
Une gosse doit bosser le bac, ses parents se barrent, les deux grand-pères sont mandatés pour s’en occuper. L’un est autoritaire et vieux jeu – et sacrément con – (Gérard Lanvin), l’autre est un irresponsable je m’en-foutiste, ici pour s’amuser – et, attention suspense, sacrément con – (Olivier Marchal). Deux écoles qui s’affrontent dans un conflit d’idées, ou comment dire qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Le soleil, c’est celui de Vieille Saint-Girons, petite ville de la côte Atlantique landaise, qui même en pleine saison est un peu plus tranquille pour aller se dorer la pilule que ses consœurs plus touristiques Vieux Boucau, Moliets-et-Maa ou Soustons. Vous pouvez d’ailleurs vous y enjailler de plats locaux, principalement marins, et profiter de son spot de surf apprécié des amateurs. Enfin on vous dit ça, c’est pas comme si le film allait le montrer. On voit deux planches, trois bouts de plage, un petit chalet en hauteur de dune, pour le reste on repassera. C’est d’ailleurs à se demander si niveau mise en scène, l’intention a été à un moment d’offrir quelque chose de plaisant à regarder.

Loin de nous l’idée de dire que les anciens sportifs devraient rester dans leur milieu quand ils peuvent plus courir après la baballe. Après tout, y’a Éric Cantona, et de rares autres contre-exemples. Mais on ne va pas se mentir, de rugbyman à metteur en scène, il y a un sacré fossé, et Philippe Guillard n’est pas un surhomme de la reconversion. On a bien voulu accepter Le Fils À Joe, d’autant que ça parle un tantinet de sport, mais dès On Voulait Tout Casser, on aurait préféré qu’il veuille surtout tout arrêter. Papi Sitter en est la confirmation, et nous ferait presque regretter le précédent. On est face au mec qui a co-écrit 3 Zéros, People, Camping 1 & 2, Disco et Turf. Un gars qui contribue donc à l’existence de Fabien Onteniente. Un crime contre la cinéphilie, qu’on vous dit. Et de la part d’un gus qui écrit des « comédies », allez chercher le savoir-faire là-dedans. Pas une blague qui marche, des comédien·nes qui ont l’air d’y croire – du moins Olivier Marchal, qui en fait des caisses comme si sa vie en dépendait – mais au service de personnages si mal écrits qu’ils en ont oublié que c’est nous qu’il fallait convaincre. Et encore, on s’arrête sur le duo de tête, on ne vous parle pas de la pauvre Philippine Leroy-Beaulieu, quant à elle cantonnée au rôle de « la vieille salope ». Éculé, qu’on vous dit, pas drôle avant, plus drôle maintenant.

Le niveau de Papi Sitter nous fait nous interroger sur la pertinence de sa présence au cinéma. Débarrassez-nous les salles obscures de tout ça (regardez ce magnifique début d’année, y’a de bonnes comédies qui manquent de rayonnement et sont entachées par la réputation bien sale que leur font celles dont ce film est issu. Après le conseil tourisme, voici notre conseil santé pendant le confinement : regardez masse de bons films, relevez vos exigences, la sélection financière naturelle (autrement dit, le CNC) fera le reste !
Papi Sitter, de Philippe Guillard. Avec Gérard Lanvin, Olivier Marchal, Camille Aguilar…1h37.
Sortie le 4 mars 2020