Direction l’Argentine avec le réalisateur Juan Solanas, qui pour avoir un budget à la hauteur de ses ambitions vient gratter par chez nous et au Canada. On aurait tort de lui en vouloir tant Upside Down, s’il est sorti de manière anecdotique, est un petit bijou pour tou·tes celleux ayant pu poser leurs yeux dessus.
Dans une galaxie lointaine, très lointaine, deux planètes cohabitent, quasiment collées l’une à l’autre, sans que leurs habitant·es ne puissent réellement entretenir de liens, les deux mondes possédant une gravité opposée. L’une des deux planètes, de par ses seules ressources minières, plonge ses habitant·es dans une pauvreté profonde, la seule source d’emploi étant une tour les reliant à l’autre univers, pour sa part bien plus chanceux en termes géologiques, lui ayant permis de perdurer. Pourtant, haut dans les montagnes, des sommets sont presque en connexion, et c’est ainsi qu’Adam (Jim Sturgess) rencontre Eden (Kirsten Dunst). Leur relation doit se faire à l’abri des regards, étant évidemment interdite, mais alors qu’ils sont découverts, Eden est victime d’un accident, et disparaît. Un temps plus tard, Adam découvre qu’elle n’est pas morte, et décide d’aller tenter sa chance, d’être employé dans cette immense tour qui lui permettra de rejoindre sa bien-aimée, à condition qu’il trouve un moyen d’inverser sa propre gravité…

Au-delà du caractère science-?ction de l’œuvre, rien de nouveau dans le script de Juan Solanas. Un ?lm qui parle du dépassement de soi, de trouver une solution irréelle pour obtenir ce que l’on souhaite, une grande fresque sur l’amour où, sans antagoniste, le seul empêchement que connaissent les amoureux·ses réside dans le fossé social qui les sépare. C’est dans son visuel que le cinéaste parvient à faire la différence. Déjà par une direction artistique qui, avec très peu de moyens, parvient toujours à nous émerveiller. On s’envole avec les protagonistes où, pour pouvoir se rapprocher, iels s’encordent et s’amusent à se faire planer l’un·e au-dessus de l’autre. On est subjugué·e par l’agencement de la tour, où ces employé·es de bureaux n’ont qu’à regarder au plafond pour communiquer avec leurs collègues de l’autre monde. Lorsque Adam trouve un moyen temporaire de se rendre sur cet autre monde, on joue avec les effets, on manipule les éléments pour toujours trouver des moyens originaux de traiter le sujet.

Upside Down tient surtout pour ses protagonistes, avec son couple Kirsten Dunst / Jim Sturgess que l’on veut voir braver tous les obstacles pour se retrouver, accompagné de personnages secondaires toujours attachants (Timothy Spall, qu’on veut immédiatement pour ami proche, en tête), bien que malheureusement trop peu nombreux. Ce qu’il offre, Juan Solanas l’offre avec générosité et sens de la mise en scène, mais on sent que le manque de budget réduit son ambition, ainsi que la consistance d’un monde qui peine à exister. Il n’empêche qu’Upside Down est une œuvre magistrale pour son auteur, qui traite de ses thématiques avec brio. Le « ?op » relatif du ?lm ne lui aura pas apporté les meilleures augures, et son nouveau ?lm, Que Sea Ley, n’est d’ailleurs pas sorti par chez nous. On espère cependant le voir prochainement, et surtout que l’on reconnaisse à Solanas son talent.
Upside down, réalisé par Juan Solanas. Écrit par Santiago Amigorena, Pierre Magny et Juan Solanas. Avec Kirsten Dunst, Jim Sturgess, Timothy Spall… 1h49
Sorti le 27 mars 2013