1-800-Hot-Nine est ce qu’on pourrait appeler un film inespéré. Dix-huit jours de tournage avec seulement trois heures maximum par jour et un budget minime de 200 000$. Pourtant Nick Richey n’a rien lâché pour pouvoir réaliser son premier long-métrage inspiré de son enfance. Une première oeuvre qui, comme souvent, cumule les défauts inhérents à un premier essai sans être dénuée d’intérêt.
Tommy, Steve et O’Neil aiment traîner la nuit dans les rues de Los Angeles, boire de la bière et prendre des médicaments alors qu’ils n’en ont clairement pas l’âge. C’est aussi l’âge des premiers émois et frémissements lorsqu’il s’agit de parler de sexualité. Quand les trois copains tombent sur le numéro d’un téléphone rose, Tommy vole la carte bleue de sa belle-mère et compose le numéro dans une vieille cabine téléphonique perdue au milieu de nulle part. De cette insouciance, il n’en reste pas grand chose lorsqu’il doit faire face à son cadre familial qui explose suite à l’arrestation de son père et de sa belle-mère.

Le début du film a de quoi être prometteur. Une bande de potes qui s’amusent du téléphone rose et de la jeune femme à l’autre bout du fil, des filles sur lesquelles ils ont des vues et une balle lumineuse qu’ils trimballent partout avec eux. Tout respire l’insouciance bien que quelque chose semble planer au-dessus de leurs têtes. Que font ces enfants en pleine nuit dehors ? On comprend que leurs cadres familiaux n’ont rien d’idyllique notamment pour Tommy qui se retrouve en quelques minutes à devoir emballer ses affaires pour rejoindre son frère dans un centre d’accueil. Pas question pour le garçon d’y aller. Ce quelque chose qui galvanise dans la représentation de cette jeunesse fougueuse, de la mise en scène inspirée aux choix sur la bande originale, tout se perd lorsque le film prend une direction plus sérieuse, devenant plus confus et inégal.
Le récit se perd pour nous emmener sur des routes sinueuses. Lorsque Tommy tente du porte à porte pour extorquer quelques billets aux client·es de l’entreprise pour laquelle il livre les journaux, il se retrouve coincé avec trois hommes aux propos assez tendancieux qui l’effraient et le dépouillent. Le film parvient à se rattraper lorsque le garçon décide de faire de nouveau appel au téléphone rose pour parler de ses problèmes et de ses questionnements. Toutes ces scènes d’une extrême simplicité de par leur dispositif rendent le tout très touchant grâce à la prestation convaincante de Dallas Young. Hormis cela, le film tourne souvent dans le vide et devient vite criard (la BO qu’on adorait au début est désormais agaçante et épuisante) avant de se conclure de manière bien trop attendue. On aurait aimé plus d’audace quant on voit les promesses que nous vendait le film.
Ouverture de la 48e compétition du Festival de Deauville en demie-teinte qui, malgré l’effort et la passion indéniable, manque de mordant pour sortir des sentiers battus du traditionnel coming of age movie qu’on nous rabâche régulièrement. Reste malgré tout un casting convaincant et extrêmement touchant.
1-800-Hot-Nite écrit et réalisé par Nick Richey. Avec Dallas Dupree Young, Gerrison Machado, Mylen Bradford… 1h36