Parmi les sorties cinéma du retour des salles, on peut trouver Demon Slayer : le train de l’infini, film issu de la franchise nippone qui bat des records d’audience et de popularité depuis environ trois ans, que ce soit en manga (écrit et dessiné par Koyoharu Gotoge) ou en anime. Sorti en salle au Japon en octobre 2020, le film est devenu depuis le plus gros succès au box-office, devant Le Voyage de Chihiro. Il fait suite à la saison 1 de l’anime sortie en 2019, déjà de bonne facture visuelle et au scénario attachant malgré son classicisme qui coche toutes les cases du nekketsu. Qu’en est-il du film ?
Il n’est pas rare de voir apparaître des films d’animation liés à des grosses franchises d’anime disposant d’un succès considérable pour le public japonais, et même parfois international. Ils sont même légion. Il suffit pour s’en convaincre d’aller chercher des listes des OAV (Original Video Animation) de Dragon Ball Z, de Naruto ou de One Piece, pour ne citer que les plus connus.
Demon Slayer a déjà ceci de particulier que son scénario n’est pas un spin-off de la série, mais bien une véritable suite. Ne pas avoir vu la saison 1 laisse nécessairement de côté sur la présentation des personnages, leurs passés, mais surtout sur les enjeux scénaristiques principaux, qui guident la série tout comme le film. De la même façon, ne pas avoir vu le film quand la saison 2 sera sortie constituera un manque évident pour l’avancée de ces enjeux. Le Train de l’Infini, contrairement à ses semblables, est pensé d’abord et avant tout comme un arc narratif entier, mais concentré en deux heures de film.
L’anime marque probablement plus pour ses qualités d’animation et de dessin irréprochables que par son scénario, sympathique au demeurant, mais assez classique, malgré des personnages assez attachants. Demon Slayer respecte en effet les codes du genre du nekketsu – à noter que l’on a tendance à remplacer ce mot par celui de shonen, alors que ce dernier désigne seulement la tranche d’âge à laquelle est destinée l’œuvre -, c’est-à-dire un schéma narratif reposant sur la quête initiatique et fondé largement sur les liens d’amitié, le travail et le dépassement de soi.
Dans Le Train de l’Infini, on suit Tanjiro, Inosuke, Nezuko et Zenitsu sur le point d’embarquer dans un train pour y retrouver Maître Rengoku, le pilier de la flamme des chasseurs de démon. Seulement, cette rencontre est loin d’être anodine : le pilier est en mission d’enquête dans le train, après que de nombreuses personnes ont été déclarées disparues après l’avoir pris…

Il est absolument impossible de juger Le Train de l’Infini en dehors de sa filiation avec l’anime : il en est la parfaite continuité en tout point. À ceci près que la qualité graphique et stylistique y est encore supérieure : mise en scène dynamique, combats impressionnants ; en somme, tout est fait pour rendre les actions des héros aussi épiques que possibles. Les enjeux sont posés rapidement, et le film ne souffre d’aucun temps mort, et a même l’audace de proposer une sorte de quatrième acte fondé sur un ultime rebondissement. Et sur grand écran, il faut avouer que cela fait son effet. L’alchimie fonctionne et garantit les frissons de plaisir.
Demon Slayer n’est surement pas le film le plus important ou impressionnant qui soit dans l’absolu. Sa continuité le rend déjà intéressant à suivre, son efficacité achève de le rendre véritablement prenant. Pour peu que vous ayez votre ticket d’entrée – le visionnage de la saison 1 -, embarquer dans Le Train de l’Infini ne peut donc qu’être une expérience formidable et captivante.
Demon Slayer : Le Train de l’Infini, Sotozaki Haruo. Avec les voix de Natsuki Hanae, Akari Kito, Yoshitsugu Matsuoka… 1h57.
Sorti le 19 mai 2021.