Le temps des luttes

Le Temps Des Luttes met en lumière Mario Mieli, un des fondateurs du mouvement de libération LGBTQ+ en Italie pendant les années 70. Derrière ce personnage excentrique et extraverti, on découvre un garçon né dans une famille bourgeoise et juive qui ne l’a jamais accepté, allant même jusqu’à le placer en hôpital psychiatrique après qu’il ait été diagnostiqué avec un trouble schizophrénique. Ça ne l’a cependant pas empêché de devenir une figure majeure à une époque où l’homosexualité est encore taboue. Mario revêt plusieurs casquettes : activiste, intellectuel, écrivain mais surtout provocateur, que ce soit dans les rues ou les plateaux télé. Loin d’être un simple saltimbanque, il est avant tout un homme intelligent qui a consacré son peu d’années à intellectualiser le débat pour que l’homosexualité et la transidentité ne soient plus vu·e·s comme des maladies mentales.
Mais le film est également une tragédie. Celle d’un homme qui derrière son sourire et sa bonne humeur communicative n’a jamais réellement trouvé sa place, que ce soit dans la société ou sa propre famille où ses relations furent quasi inexistantes et où il cherchât constamment l’amour et l’approbation de sa mère. À côté de ça, c’est aussi des relations amoureuses tumultueuses dont sa dernière avec Umberto Pasti loin d’être de tout repos. Le réalisateur Andrea Adriatico nous replonge dans la ferveur des années 70 grâce à Nicola Di Benedetto impliqué dans son rôle à la fois léger et sombre, toujours interprété avec grâce et justesse.
Ce biopic offre un portrait aussi brillant que brisé d’un homme qui fût une figure de proue pour la liberté. Un homme peut-être trop gai pour son époque et qui se laissa bouffer pour la société si bien qu’il mit fin à ses jours à l’âge de 30 ans.
Re-Naissances

De nombreux documentaires se sont déjà intéressés à la cause LBGTQ+ mais peu sont ceux qui abordent le sujet des migrants ayant trouvé refuge en France alors qu’ilels étaient persécuté·e·s dans leur pays d’origine pour leur orientation ou leur identité sexuelle. Après une campagne de financement via Ulule, le réalisateur Santi Zegarra dresse le portrait de cinq personnes vivant désormais en France pour retracer leur parcours souvent douloureux. Lui-même est un réfugié péruvien vivant en France depuis plus de 20 ans et c’est avec tout le recul nécessaire et le regard plein de complaisance qu’il arrive à nous émouvoir à travers des histoires de vies aussi inspirantes que déchirantes.
Giovanna est une femme transgenre d’origine colombienne qui s’est investie dans les associations qui défendent les migrants LBTQ+ avec une ferveur indéniable, un long parcours de la combattante qui lui permet d’être aujourd’hui épanouie et d’avoir trouvé l’amour. Un portrait qui offre également une lueur d’espoir. En effet, son compagnon était totalement contre l’idée des personnes transgenres avant de finalement accepter le dialogue et l’échange pour mieux les comprendre. Roman est un homme transgenre qui a fui la Russie alors que la situation était de plus en plus tendue là-bas pour la communauté. Aujourd’hui c’est un membre actif pour le soutien des réfugiés LGBTQ+. Quant à Cate, elle a fui l’Ouganda avec ses deux filles de peur d’être emprisonnée pour être lesbienne. Désormais libre d’aimer qui elle veut, la vie n’est pas pour autant aussi simple pour la jeune femme obligée de vivre dans un hôtel à Saint-Denis en attendant de pouvoir régulariser sa situation. Yi Chen quant à lui a enfin renoué avec ses parents qui l’avaient renié lorsqu’ils ont découvert qu’il était homosexuel.
Re-Naissances est une belle occasion pour toutes ces minorités de s’exprimer. Des portraits humbles et pleins de forces, inspirants et nécessaires.
Le temps des luttes de Andrea Adriatico. Avec Nicola Di Benedetto, Sandra Ceccarelli, Antonio Catania… 1h52
Sortie en DVD le 18 mars
Re-Naissances de Santi Zegarra. 1h22