La crise migratoire est un sujet toujours aussi actuel dont découle des avis divergents et des réactions souvent virulentes. Ariane Doublet est une réalisatrice chevronnée qui, depuis ses premiers pas, utilise le documentaire pour mettre en lumière le monde rural, que ce soit les paysans, les vétérinaires ou les ouvriers. Voilà qu’elle franchit ici un nouveau pas en se penchant sur la question de l’intégration des migrants à travers le regard d’Alhassane, un guinéen de 17 ans.
Lorsqu’il arrive en France, Alhassane laisse derrière lui sa mère, un pays en crise, et se retrouve plongé dans l’inconnu. C’est dans un petit village de Normandie qu’il trouve une terre d’accueil. Il y rencontre le jeune Louka, 13 ans. Au fil du temps, une amitié se crée entre les deux garçons. Durant un été, ils se décident à construire une cabane sur une falaise surplombant la mer. Mais derrière cette innocence se cache le poids d’une histoire.
Dès le début, le film pose ses bases. Deux garçons qui s’amusent, se baladent les bois, construisent une cabane, partagent un goûter, discutent de tout et de rien… Deux jeunes qui n’ont rien à voir, que ce soit physiquement entre un Louka gringalet et un Alhassane longiligne mais aussi quant à leurs histoires. Ce n’est qu’au bout de quelques minutes qu’on apprend la vérité : Alhassane a quitté sa Guinée natale pour essayer d’avoir un avenir en France. Un périple qui a duré deux ans durant lequel il est passé par la prison en Libye, les passeurs armés, la traversée de la Méditerranée ou encore le camp de rétention en Sardaigne. Un parcours jalonné par de douloureux obstacles vecteurs de séquelles qui nous sont dévoilées lors de moments anodins (la pêche aux crabes, par exemple). Ce simple contact avec l’eau – alors qu’ils sont en marée basse – lui rappelle instantanément sa traversée de la Méditerranée et la peur de mourir noyé. Le jeune garçon évoque également sa difficulté de s’intégrer lorsque l’État et la loi viennent s’opposer à lui pour bien lui faire comprendre qu’il n’est pas le bienvenu.

Là où le film aurait pu se contenter d’être un simple (mais terrible) constat de la condition des migrants, la réalisatrice décide d’enrober son propos à travers une histoire d’amitié. Une amitié balayée de tout préjugé ou de discrimination et où la vie semble calme et paisible. Une histoire de transmission aussi lors d’une discussion où Louka apprend à Alhassane la signification d’expressions ou mots de la vie courante. On regrette peut-être un point de vue parfois trop “positif” où on ne voit jamais ceux qui s’opposent à l’arrivée des migrants mais ce parti pris a au moins le mérite de nous affirmer haut et fort que le film est là pour faire du bien. Se concentrer sur le bon côté des gens et la tolérance car ce ne sont qu’avec ces clés que nous pourrons avancer.
Joli pamphlet sur la tolérance et l’amitié, Green Boys n’en oublie cependant pas le passé de ces hommes et femmes qui sont prêts à courir tous les dangers pour espérer un semblant d’avenir alors que les institutions préfèrent leur mettre des bâtons dans les roues que leur tendre la main.
Green Boys de Ariane Doublet. 1h11
Sortie en VOD le 6 mai