Guy Ritchie c’est avant tout une patte bien singulière. De ses films de gangsters survitaminés (on retient particulièrement Arnaques, Crimes Et Botanique et Snatch) à sa façon de s’être approprié les mythes de Sherlock Holmes et de la légende arthurienne, le Britannique fédère autant qu’il divise. De notre côté, on l’adore pour son adaptation de la série The Man From U.N.C.L.E, l’un des meilleurs film d’espionnage/action de ces dernières années. Légère sortie de route avec Aladdin mais l’optique de le voir retourner à ses débuts, ses films d’action doublés de malfrats british patauds a de quoi nous redonner un peu d’espoir… enfin c’est ce qu’on pensait.
Mickey Pearson est le baron de la drogue à Londres. Parti de rien, ce milliardaire attire désormais toutes les convoitises lorsqu’il laisse sous-entendre qu’il va se retirer du marché. Chacun va alors essayer de prendre la place sur le trône, quitte à plonger la tête la première dans les meurtres et les magouilles en tous genres. Le film ne passe pas par quatre chemins dès ses premières secondes. Mickey Pearson est posé avec son verre dans un pub. Un homme approche par derrière, coup de feu, du sang, le générique est lancé. Cette entrée en matière brute mais efficace laisse sous-entendre un film bourré d’action, mais c’est finalement le contre-pied qui est pris. En effet, on se retrouve chez Ray, bras droit de Pearson, en discussion avec Fletcher, venu lui soutirer de l’argent en échange d’informations compromettantes. Cette fameuse discussion occupe une grande partie du film, voire trop. L’échange est alors ponctuellement illustré par des scènes nous permettant de comprendre les enjeux et de découvrir les personnages. Sauf que ces petites scénettes, si elles apportent une respiration, ne fonctionnent pas. On se retrouve rapidement frustré de ne pas avoir plus d’interactions entre tous les personnages et de se retrouver interrompu toutes les cinq minutes par un nouveau dialogue qui manque parfois d’intérêt. Un gros manque de rythme dommageable tant on pouvait sentir le potentiel du film.

Car Guy Ritchie sait envoyer quand il le faut, notamment les scènes avec Ray, pleines d’action et d’humour. Heureusement que le casting est là pour rattraper un peu la chose : quoi de mieux que la quintessence de la classe british entre Matthew McConaughey, Charlie Hunnam, Colin Farrell et Hugh Grant pour assurer le show et faire honneur au titre ? La belle brochette d’acteurs s’en donne à cœur joie et ça se sent. L’alchimie fonctionne et les interactions entre eux teintées d’une pointe d’humour britannique font toujours leur charme. La peur de se perdre parmi autant de personnages disparaît assez vite tant ils sont bien amenés et ont chacun leur petit truc. Un gros plus également pour la caution féminine et classe du film : Michelle Dockery qui apporte une vraie bouffée d’air frais et qu’on aurait voulu voir encore plus en action.
The Gentlemen avait tous les éléments réunis pour faire un bon film d’action bourré d’humour et de répartie mais le manque de rythme nous empêche de rentrer totalement dans le film même s’il est clair que le casting cinq étoiles fait des ravages. Pour des gentlemen, ils sont peut-être un peu trop polis, on aurait préféré qu’ils rentrent un peu plus dans le lard.
The Gentlemen, de Guy Ritchie. Avec Matthew McConaughey, Hugh Grant, Charlie Hunnam…. 1h53
Sorti le 5 février 2020. En VOD le 28 mai. En DVD/BR le 10 juin.