En manque d’effusion d’hémoglobine et de viande fraîche sur les murs ? Parmi tous les bousins slasheresques des années 2000, à coup de remakes et d’hybrides à se crever les yeux au cure-dent et s’arracher les tympans à la Pince-monseigneur, il existe quelques surprises. On pense aux trop oubliés Triangle de Christopher Smith, ou Halloween de Rob Zombie. Puis il y a la Maison de Cire, qui partait pour être un teenage movie attardé, pour finir en Roller-Coaster saignant et décérébré.
Un groupe d’amis bien décidé à se rendre au match de football de l’école tombe en panne sur une route déserte. Isolés dans la nature, ils décident donc de camper et ne vont pas tarder à devenir la cible de deux assassins habitants une ville abandonnée. Leur crédo ? Faire vivre leur maison de cire, en confectionnant des personnages à l’aide de véritable corps vivants.
Une histoire étudiante
Ne cherchez pas l’originalité dans le pitch, il n’y en a pas. On se demandera encore et toujours, pourquoi malgré une infime chance que cela arrive, des étudiants se retrouvent à cet endroit à ce moment précis. Peut-être est-ce simplement la fatalité, venue punir le trop imposant espace que s’auto-appropriait l’idiotie. Il faut bien dire, le casting ne joue pas dans la finesse et exhume un parfum de bon goût des années 2000. Elisha Cuthbert (Retour à la Fac, The Girl Next Door), Chad Michael Murray (Les Frères Scott), Jared Padalecki (Gilmore Girls, Supernatural), Jon Avery Abrahams (Scary Movie), et le coup marketing extrême Paris Hilton à une époque où elle trustait encore les devants de la scène people. Le but étant de rameuter les consommateurs de programmes adolescents, qui en dépit de venir observer du beau jeu d’acteur sont satisfaits de voir leurs icônes en action. Et nous par la même occasion riant de les voir se débattre avec la mort, dont on sait très bien à l’avance qu’elle viendra les trouver coûte que coûte.
Comme tout bon slasher teenager qui se respecte, l’exposition est beaucoup trop longue. Prendre connaissance avec une tête brûlée, un accro de la picole et un dépendant du sexe ne mérite pas autant de temps d’écran. De même que Paris, qui faute de savoir un minimum être sérieuse et crédible, s’affiche en militante du port universel de la culotte en milieu forestier. Fière de se dénuder à chaque fois que l’image est portée sur son corps, elle n’est pas foutue de se retirer du chemin d’un entraînement de lancer de javelots.
Poupées de cire, poupées de sang
Passée la moitié du film qui n’est pas déplaisante, mais qui se regarde comme une étude sociologique de l’ineptie, la caméra montre enfin qu’il y a quelqu’un derrière et pas le plus mauvais technicien. La Maison de cire est le premier long-métrage de Jaume Collet-Serra, qui prouve par la même occasion qu’avant d’être un Yes Man aux griffes d’Hollywood et aux sombres aventures de Liam Neeson, il était un cinéaste de l’horreur prometteur. On se rappelle d’Esther, son thriller psychologique d’épouvante au twist redoutable. S’attacher les services d’un ancien de la pub c’est prendre le risque de confier les rênes à un parfait inconnu du cinéma, mais aussi faire confiance à quelqu’un pour qui l’esthétique n’est pas un corps étranger. La Maison de Cire travaille son image, de la noirceur d’une nuit bien glauque à la lumière couleur jaune orangée d’une salle d’opérations morbide, jusqu’à un final qui saura capter et utiliser au mieux tout l’intérêt de la cire comme substance mouvante au contact de la chaleur. L’utilisation du numérique est faite avec soin. En absence de toute écriture intelligente du scénario, le film est relativement beau à regarder. Mais demande t-on un soupçon d’intelligence dans une pure attraction de fête foraine tortueuse ?

Sorte de faux remake n’empruntant que l’idée générale de L’Homme Au Masque De Cire (1953), lui-même remake de Masques de cire (1933), La Maison de Cire ne s’interdit rien. Collet-Serra semble jouir d’une carte blanche. Il prend un malin plaisir à maltraiter ses personnages avec sadisme, sans vraiment faire peur mais en étant méchant. À l’image des tueurs, fonçant comme des bovins chargés de dépeupler l’Amérique garnie d’un peu trop de stupidité. Ils utilisent leurs outils et ne font pas dans la dentelle lorsqu’il s’agit de transformer l’humain en poupée de cire qui ferait frémir le musée Grévin. Remplissant son cahier des charges de belle manière, le cinéaste joue même les seconds degrés dans des mises à mort jouissives et stylisées, se moquant de toute une catégorie de petits films se prenant trop au sérieux. Dont on ne sait pourtant pas si les acteurs sont dans la même optique où tournent au plein régime, bien conscients de donner le maximum comme si c’était leur seule chance d’exister au cinéma. Avec cette énergie insufflée à la seconde partie, Collet-Serra fait fonctionner comme il faut notre suspension d’incrédulité. Quand bien même tout est factice dans une ville fantôme montée comme un château de cartes et prête à fondre entièrement, on se dirait presque que la réalité pourrait prendre le pas sur la fiction dans cette contrée où tout est possible.

La Maison de Cire fait partie de ces films dont on ne donnerait pas cher payé, vus comme des souvenirs de jeunesse pour une génération pré baby-boomer de l’an 2000 en quête d’adrénaline. Et pourtant, 15 ans plus tard à son revisionnage, force est de constater qu’en plus d’avoir peu vieilli, le film nous fait reprendre un malin plaisir face à la chasse mortuaire de jeunes surexcités. Du divertissement pur et dur, à voir un samedi soir avec du popcorn et une envie de bonbons au sang.
La Maison de cire, de Jaume Collet-Serra. Avec Elisha Cuthbert, Chad Michael Murray, Paris Hilton, Jared Padalecki… 1h53.
Sortie le 25 mai 2005