Les beaux jours pointent leur bout du nez et avec eux la salve de blockbusters habituels. Alors que Tom Cruise prend les commandes dans les airs, c’est sur terre que Chris Pratt et sa bande reviennent avec le troisième volet de la saga Jurassic World. Suivant les évènements du second opus, les voilà engagé·es dans une mission sauvetage qui ne sera pas sans risque…
Nous voilà quatre ans après la destruction d’Isla Nublar. Les dinosaures font désormais partie intégrante de la société, se baladant parmi les humain·es et volant entre les buildings des grandes villes. La cohabitation n’est pas des plus simples et de nombreux questionnements sont encore en suspens. De leur côté, Owen et Claire ne se posent pas cette question, leur seule préoccupation étant d’élever Maisie Lockwood – clone issue de sa mère, elle-même clonée par son père après sa mort – loin de la ville et de celleux qui pourraient lui vouloir du mal. Sauf qu’une adolescente qui obéit à ses parents c’est comme un T-Rex au régime forcé face à un cerf. Résultat, Maisie est kidnappée par la société Biosyn qui a besoin de son ADN pour corriger un problème mineur : une invasion de sauterelles géantes dévorant toutes les plantations sur son passage.

Patrick Juvet chantait en 1977 “Où sont les femmes ?”. Aujourd’hui on pourrait se demander : où sont les dinosaures ? Ils sont là, on vous le rabâche dès le début avec de magnifiques plans dignes des meilleures émissions d’Ushuaïa Nature mais après c’est le désert absolu. Là où les dinosaures représentaient une menace (ou tout du moins un enjeu), iels sont relégué·es au second plan pendant une bonne partie de l’histoire, cette dernière préférant se concentrer sur comment anéantir cette invasion de sauterelles. Le film reprend les même codes scénaristiques que les précédents à savoir une entreprise qui souhaite protéger les dinosaures dans un lieu clos (ici une réserve au milieu des montagnes italiennes) qui s’avère contre toute attente (non) être le méchant de l’histoire qui pose des problèmes au niveau éthique. Une fois ce problème balayé, retour sur le problème de ces foutues sauterelles.
Il est certain que Just Philippot n’aurait pas boudé son plaisir à faire un tel film qui a des airs de La Nuée. Le problème étant que faire tenir cet enjeu sur près de 2h30 relève de la mission impossible et pour preuve, un tas de séquences inutiles et de discussions écrites par un enfant de 5 ans (probablement fan de dinosaures aussi) qui rend le tout totalement indigeste. Pire encore, Jurassic World 3 s’enfonce à son tour dans le sillon de la nostalgie en rappelant le trio iconique de la première trilogie : Laura Dern, Sam Neill et Jeff Goldblum. Si les trois personnages nous filent toujours autant du baume au cœur, Colin Trevorrow ne sait décidément pas quoi en faire à part être la caution passéiste du film. Même les interactions entre ancienne et nouvelle génération ne montrent aucun intérêt et ne rendent en aucun cas hommage à la trilogie originale. Le manque de caractérisation des personnages n’aide clairement pas non plus à ce que le récit soit un tant soit peu intéressant entre un Chris Pratt toujours mono-expressif devenu cowboy de dinosaures et Bryce Dallas Howard qui ouvre la bouche pour rarement dire quelque chose d’intelligent. Jeff Goldblum renforce son image de pitre arrogant, à mille lieues du professeur Malcolm même si le rôle lui sied à merveille tandis que le réalisateur a décidé de raviver la flamme entre Laura Dern et Sam Neill. À croire que Colin Trevorrow ne sait jamais où il veut aller ni comment.

Notre meilleur ami le fond vert est également de la partie plus d’une fois avec des incrustations dignes du niveau de Mort sur le Nil où même les dinosaures arrivent à sonner faux. Plus rien n’est impressionnant dans ce nouvel opus qui joue en plus de ses gros sabots pas très discrets ni très logiques entre l’apparition du Giganotosaure pour te faire comprendre que c’est le très gros dinosaure de ce film, Claire qui échappe à la grosse bébête alors qu’elle est juste sous son nez ou tout le groupe qui s’attaque physiquement à un dinosaure pour survivre.
Chacun·e fait le strict minimum pour garder l’embarcation à flot mais tout sonne faux pour ce film qui a plus des allures de documentaire animalier du dimanche soir que du blockbuster tant attendu. Collin Trevorrow se contente de repiquer des idées des précédents opus pour les réinjecter sans grande originalité. C’est parfois beau, souvent vain mais c’est surtout le pire opus de la saga (et pourtant il fallait y aller pour faire pire que les deux précédents).
Jurassic World : Le monde d’après réalisé par Colin Trevorrow. Écrit par Michael Crichton et Colin Trevorrow. Avec Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Laura Dern… 2h26
Sortie le 8 juin 2022