Niveau film d’animation, le paysage cinématographique est bien pauvre ces derniers temps. Le seul qui nous a attiré l’attention est bien le magnifique Soul mais sinon c’est un peu le désert. Alors quand on apprend que les producteurs de Spider-Man : New Generation et La Grande Aventure Lego nous ont concocté un nouveau film, on reprend quelques couleurs et on se plonge dans une aventure désopilante.
Katie Mitchell est une adolescente et qui dit adolescent dit forcément relation quelques peu tendues avec sa famille. Amoureuse du cinéma, elle rentre dans la fac de ses rêves à la rentrée et alors que l’euphorie est à son paroxysme, son père voit cet avenir d’un mauvais oeil, s’inquiétant qu’elle ne puisse pas faire carrière et assurer ses arrières. Ces différents pèsent sur la famille qui a bien du mal à se comprendre depuis des années. Après une énième dispute entre Katie et son père et un malheureux accident qui a cassé son ordinateur – son outil de travail et plus généralement l’extension de tous les adolescents -, ce dernier décide de se rattraper en emmenant toute la famille en road trip jusqu’à l’université de Katie. Enfer et damnation pour la jeune fille qui ne souhaite qu’une seule chose, se barrer au plus vite de chez elle. Sauf qu’entre temps, l’intelligence artificielle d’un smartphone a pris le contrôle de tout ce qui est doté d’un système électronique pour exterminer tous les humains. Les Mitchell doivent s’allier pour sauver le monde, et autant vous dire que c’est pas gagné.

Un film catastrophe avec une bande de bras cassés comme héros, que demander de plus pour passer un bon moment ? D’autant plus qu’il arrive à jouer sur trois tableaux entre le côté aventure extraordinaire à travers le pays pour se battre contre les robots, une famille à recomposer et une déclaration d’amour au cinéma. Mise en abime à travers Katie Mitchell, fan de cinéma qui passe son temps à prendre son frère et son chien pour filmer de petits court-métrages qui finissent sur Youtube avec une économie de moyens plus que flagrante mais avec tout son coeur et sa passion. Tous les membres de la famille sont dignes des meilleurs personnages d’une sitcom. Un petit frère fana de dinosaures incapable de parler avec une fille, une mère sur-protectrice et un père en sueur dès qu’on lui demande de faire une recherche sur Google. Les gags fusent à telle vitesse que c’en est vertigineux, l’humour est bien dosé, les vannes tranchantes comme des lames de rasoir : simple mais efficace.
Mike Rianda et Jeff Rowe profitent d’un terrain de jeu exceptionnel pour l’utiliser jusqu’à la moelle que ce soit les clins d’oeil au cinéma, les ralentis dignes des meilleures scènes de Michael Bay, l’univers robotique, notre utilisation des nouvelles technologies, la pop culture ou encore l’influence des réseaux sociaux. On pourrait se complaire à revoir le film pour saisir tous les petits détails qui nous auraient échappé la première fois. Mais avant tout, c’est une déclaration au cinéma et à son médium à travers les yeux de Katie. L’utilisation de la voix-off est d’ailleurs utilisée de manière assez intelligente, faisant d’elle la réalisatrice de ce film où l’on aperçoit à l’écran des dessins, des gribouillis et des idées de mise en scène. Est-ce que ce qu’on voit à l’écran provient de l’imagination de Katie ou celle des réalisateurs ? Personne ne le saura jamais et au fond on s’en fiche. Le cinéma c’est quoi ? Le voyage, la création, la générosité, une pointe de folie et ne s’imposer aucune limite. Tout ce que nous offre Les Mitchell contre les machines sur un plateau d’argent.
Les Mitchell contre les machines est la bouffée d’air frais dont on avait grandement besoin en cette année compliquée. Un film d’animation maîtrisé de bout en bout, une épopée drôle et touchante doublée d’une déclaration d’amour au cinéma comme on en fait que trop rarement.
Les Mitchell contre les machines de Mike Rianda et Jeff Rowe. Avec les voix d’Oliva Colman, Maya Rudolph… 1h54
Sortie le 30 avril sur Netflix