Vincent Lacoste est l’un des acteurs les plus populaires du paysage cinématographique français. Depuis Les beaux gosses, sa notoriété n’a cessé de croître au même titre que son implication dans une grande variété de films, au cœur desquels il incarne assez souvent le même personnage, de sorte que l’on peut être amené à parler de « film Vincent Lacoste » dès que son nom figure à l’affiche. Ce phénomène semble être le point de départ du premier long-métrage d’Antoine de Bary, Mes jours de gloire, une « dramédie » lacostienne imparfaite mais pleine de charme.
Quand on voit Adrien (Vincent Lacoste) débarquer à l’écran, avec un flegme effarant, on voit autant le personnage que Vincent Lacoste lui-même. Acteur révélé dans sa jeunesse, ce jeune homme de 27 ans peine à grandir et à trouver sa place dans un monde qui ne l’attend pas. Avec plus un rond ni de toit sur la tête, il revient chez ses parents, incarnés par Emmanuelle Devos et Christophe Lambert, envisage une idylle avec Léa (Noée Abita), une lycéenne, et tente de relancer sa carrière dans un biopic sur le général De Gaulle.
Commençant avec efficacité comme une comédie parisienne classique, Mes jours de gloire est une exploration de l’adulescence plus complexe qu’il n’y paraît. Adrien est las, paumé, à un âge où ses gamineries ne l’ont pas totalement quitté mais aussi auquel les responsabilités commencent à s’accumuler. Il flirte avec une gamine qui a dix ans de moins que lui – et se fait recaler d’une soirée à cause de son âge trop avancé -, mais il ne sait pas gérer ses factures ou son appartement. Il est à la fois trop vieux pour ces conneries et trop jeune pour ces bêtises. Lacoste envahit l’écran à chaque seconde, on le découvre progressivement et, alors qu’il affiche un cynisme en apparence inébranlable à toutes épreuves, un je-m’en-foutisme accru, la carapace s’effrite peu à peu, laissant voir un mal-être enfoui et rongeur.

Antoine de Bary ne brille alors pas pour sa mise en scène, appliquée mais peu marquante, mais pour son écriture et la manière qu’il a de diriger son fil conducteur, celui d’une dépression latente mais inavouée vers sa résolution. Si la gaudriole laisse graduellement part à la sensibilité, l’acteur lui ne tombe jamais dans la caricature pour nous avoir. Il ne change même pas vraiment jusqu’au dernier acte – un peu facile d’un point vue narratif – où il se lâche dans tous les sens du terme. La conclusion peut sembler faible et donner un sentiment de vacuité quant à l’ensemble du projet mais, aussi grossier que cela puisse être, elle touche à quelque chose de particulier, un sentiment véritable de libération, comme une lueur d’espoir après ce qui a été une longue traversée du désert.
L’humour a ses lourdeurs, c’est indéniable et pour peu que l’on ne soit pas directement impliqué aux côtés d’Adrien le cœur du film tourne à vide autour de running-gags sur l’impuissance et la pudeur. Par ailleurs, si l’on a du mal avec Vincent Lacoste il est certain que le film va ressembler à un calvaire. Néanmoins Mes jours de gloire est une oeuvre simple et juste, traitant ses thèmes forts avec intelligence. La découverte du lâcher-prise et la révélation à soi-même de réalités que l’on s’est dissimulé est à la fois enivrante et touchante, un peu grossière sur sa fin, et l’on sort de la salle satisfait par cette « dramédie » empruntant tant à Fleabag qu’à Le lauréat.
Mes jours de gloire d’Antoine de Bary. Avec Vincent Lacoste, Noée Abita, Emmanuelle Devos, … 1h39
Sortie le 26 février 2020.