Le studio Ghibli en a pas mal sous la semelle et a toujours de quoi nous surprendre. Après le succès mérité du Tombeau des lucioles d’Isao Takahata, le réalisateur s’est tourné vers un tout autre genre qui dénote grandement de ce qu’a fait le studio jusque là. Adapté d’une bande dessinée, Mes voisins les Yamada, c’est le portrait loufoque du quotidien d’une famille un poil déjantée. Simple en apparence mais terriblement attachant.
La famille Yamada est loin d’être ordinaire. Le patriarche Takashi est un homme d’affaire bougon et souvent tête en l’air. Matsuko la maîtresse de maison est toujours de bonne humeur mais les tâches ménagères la rebutent tandis que sa propre mère Shige n’a pas la langue dans sa poche et se languit de voir sa fille et son beau-fils se quereller pour des broutilles. Et au milieu de tout ça le grand frère Naboru qui déteste étudier et la petite sœur Nonoko, enfant espiègle parfois un peu oubliée par sa famille.
Pendant 1h44, les saynètes s’enchaînent à un rythme effréné comme si la bande dessinée prenait vie sous nos yeux. Le travail d’animation est certes différent avec un trait beaucoup plus simpliste et des aplats de couleurs mais avec un tel dynamisme qu’il offre un certain réconfort et nous permet de nous attacher immédiatement à ces personnages. Ce qui est un exercice d’autant plus compliqué ici puisqu’il n’y a pas d’arc narratif à proprement parler. On découvre chacun des personnages à travers de petites histoires, de situations du quotidien qui résonnent en chacun d’entre nous : la flemme de faire ses devoirs, la première amourette, la famille scotchée sur l’écran de télé, l’impitoyable bataille pour savoir quel programme regarder ou encore les courses importantes qu’on oublie et qu’on se remémore seulement lorsqu’on est rentré chez soi.

Plutôt mésestimé dans la filmographie Ghibli de par sa simplicité autant visuelle que scénaristique, Mes voisins les Yamada s’avère être une sacrée bulle poétique. Takahata sublime le quotidien avec énormément de sincérité et de simplicité. Rythmé par des gags à n’en plus finir (la scène où la famille oublie la petite dernière au centre commercial est absolument hilarante et donne immédiatement le ton), le film sait également se poser quand il faut pour aborder des thèmes plus sérieux et célébrer la famille malgré tous ses petits défauts et les caractères parfois insupportables.
Mes voisins les Yamada est une très jolie toile blanche pour que le réalisateur puisse y déployer toute sa poésie et offrir une parenthèse aussi touchante qu’originale au studio Ghibli.
Mes voisins les Yamada de Isao Takahata. 1h44
Sortie le 4 avril 2001