Comment et pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Face à notre désolation à la suite du visionnage d’Obi-Wan Kenobi, Mayssa et moi-même nous sommes rejoints sur deux points : l’indifférence envers cette série et le fait qu’elle est le symbole de ces nouvelles productions qui remplissent un catalogue au lieu de l’optimiser. Tel·les des justicier·es, nous montons au créneau dans notre astronef, chef-lieu de notre pensée. Après la critique de la série ci-dessous, nous enchainerons sur la production problématique de ces nouveaux contenus qui ont oubliés toutes ambitions artistiques et créatives dans un autre article. Sur Terre, Tatooine, Naboo ou Coruscant, restez à l’affût, nous reviendrons !
Dernière série Star Wars en date dans l’ère Disney, Obi-Wan Kenobi était grandement attendue par tou·tes les fans de la première heure. En effet, non content·es de nous proposer de revoir notre Jedi préféré, ce sont les retours d’acteur·ices fétiches du public tels qu’Ewan McGregor et Hayden Christensen qui nous étaient promis et les premières images juraient d’ores et déjà d’offrir de l’émotion et des combats épiques et pourtant, force est de constater que tout comme The Book of Boba Fett, sorti plus tôt dans l’année, le tout ne colle pas. Et la raison est douloureusement évidente.
Le cœur du problème se situe dans le postulat de base. La série prétend raconter les événements de la vie d’Obi-Wan entre les épisodes 3 et 4 de la saga. Or, on sait déjà ce qu’il se passe durant ce laps de temps : rien ! Obi-Wan reste sur Tatooine pour veiller sur Luke et le seul évènement notable de cette période, à savoir son dernier affrontement avec Dark Maul, est narré sur plusieurs épisodes de la série animée Star Wars : Rebels, ce qui est symptomatique d’un autre souci majeur de la série. En effet, hors de la prélogie et de l’épisode 4, le développement du personnage d’Obi-Wan Kenobi est en très grande partie fait durant ses apparitions dans la série animée Star Wars : The Clone Wars. On peut citer sa rivalité avec Maul qui gagne en épaisseur scénaristique, sa relation avec Satine Kryze, la femme qu’il aime et qui meurt devant lui, ou même celle, brève mais marquante, avec Asajj Ventress, qui vaut à elle seule l’écriture de tout la série Obi-Wan Kenobi.
Les sept saisons de the Clone Wars ont le mérite de nous offrir un développement et une écriture nuancées et complexes de la personnalité d’Obi Wan. En six épisodes, la mini-série dédiée au personnage (!!) s’échine à détruire la quasi-totalité de ce développement. Toute allusion à la guerre des Clones n’est que superficielle et tient plus de l’easter-egg que d’un quelconque effort de cohérence et la grande majorité des évènements de cette période sont passés sous silence, ce qui peut sembler anecdotique pour certain·es mais semble pourtant incompréhensible. Comment peut-on se focaliser sur un seul personnage pendant six heures et accomplir l’exploit d’ignorer tout un pan de son développement antérieur ?

Les personnages secondaires n’en sont pas en reste, à commencer par Reva, présentée comme étant l’antagoniste principale de la série aux côtés de Dark Vador et sur laquelle tous les problèmes d’écriture se reflètent. Malgré des prémisses et un retournement intéressant, Reva n’est que la victime d’une histoire bancale, si bancale qu’elle en vient à modifier les actions de ses personnages et à leur ôter toute logique uniquement dans le but de faire s’enchaîner les évènements. Cette tournure n’aurait pas été si regrettable si le personnage de Reva n’avait pas été si intéressant car, malgré ses méthodes douteuses, elle représente l’échec même d’Obi-Wan, plus seulement en la personne d’Anakin mais en celles de toutes les personnes mortes de la main de ce dernier. Tous les éléments scénaristiques pouvant donner de la nuance aux personnages sont effleurés, bâclés ou jamais traités en profondeur et ce, au “profit” d’une histoire qui n’a déjà rien à raconter. Les acteur·ices, aussi excellent·es soient-iels (notamment Ewan McGregor qui, sans surprise, est terriblement convaincant en Obi-Wan et l’excellente Vivien Lyra Blair en Leïa Organa), ne parviennent pas à recoller les morceaux.
Ce vide que l’on ne se garderait pas d’appeler intergalactique, se fait également ressentir dans la relation d’Obi-Wan et de Dark Vador, pourtant l’élément le plus simple de la série tant les épisodes 3 et 4 se chargent eux-mêmes de tout mettre en place. Outre le fait qu’une rencontre antérieure à Un Nouvel Espoir ôte rétrospectivement tout impact dans leur affrontement final, tous leurs combats dans la série arrivent trop tôt et de manière trop forcée et abrupte pour être marquants (le dernier étant entièrement pompé de manière éhontée de la série animée Rebels…).
Leur premier affrontement dans une décharge en est le parfait exemple : le Sith prend l’avantage sur le Jedi et décide de le torturer en le traînant dans les flammes. L’idée est intéressante, cela rappelle leur ultime duel sur Mustafar lorsqu’Anakin est laissé pour mort par Obi-Wan, calciné par les flammes. Toute la rancœur de Vador est perceptible dans cette scène, il prend plaisir à voir Obi-Wan souffrir et la mise en scène nous le fait bien ressentir. Enfin une idée de mise en scène vous direz vous ? Et non ! La suite de la scène dépasse l’incohérence avec Tala, l’alliée, qui arrive à semer la panique à 10 mètres sans que Vador ne ressente sa présence (ce qu’il fait 5 minutes plus tôt) et avec ce même Vador qui ne parvient pas à éteindre un feu (alors qu’il le fait moins d’une minute auparavant !) pour voir Obi-Wan, blessé, partir avec Tala sans (évidemment) qu’un Stormtrooper n’arrive à les toucher. Une scène intéressante dans son propos mais à l’évolution pitoyable en guise de simple remplissage scénaristique.

Les affrontements, aussi nombreux soient-ils, ne servent plus qu’au divertissement et non pas à ce qu’ils représentent traditionnellement dans Star Wars : l’évolution des personnages. Si même la postlogie a su le comprendre avec Rey et Kylo Ren, pourquoi la série ne suit-elle pas les codes pourtant simples de la saga si ce n’est au profit d’un divertissement qui lui-même est discutable au vu de sa pauvreté visuelle ? Car la mise en scène et la réalisation, loin de sauver leur homologue scénaristique (nous pensons fort à une fameuse scène de course-poursuite dans les bois), terminent d’enfoncer la série qui, au même titre que The Book Of Boba Fett, s’apparente plus à un remplissage censé ravir les fans le temps de 45 minutes durant six semaines au lieu de donner de l’épaisseur aux personnages. Quand on sait que la seule finalité de The Book of Boba Fett était d’introduire la saison 3 de The Mandalorian…
Victime de son statut, la série Obi-Wan Kenobi ne parvient pas à atteindre les sommets espérés par son manque de cohérence et son échec à se situer dans un univers vaste dont elle ne fait que répéter l’histoire sans réelle conviction. Si l’ensemble possède quelques qualités dans les sujets abordés, la manière dont ils sont traités dans le scénario ne leur permettent pas de raconter quelque chose qui aurait pu bénéficier au développement global de son personnage principal et, au final, on se retrouve avec ce qu’on a commencé : du vide.
Obi-Wan Kenobi créée par Hossein Amini et Joby Harold. Avec Ewan McGregor, Moses Ingram, Vivien Lyra Blair. 6x45min.
Disponible sur la plateforme Disney+
[…] Dimitri, nous avons critiqué la série Obi-Wan Kenobi, mais nous ne voulions pas en rester là. Tous les reproches faits nous ont sauté aux yeux dans […]
[…] joué autant de personnages iconiques du grand écran que Harrison Ford. Entre Blade Runner, Star Wars ou même Jack Ryan, l’acteur est passé par tous les styles durant sa longue carrière et revient […]