Il existe une règle tacite dans le monde du cinéma qui dit qu’un film réalisé par George Clooney n’a pas la prétention d’être bon ou mauvais. Chaque œuvre du réalisateur suscite tout au plus un désintérêt poli. Force est de constater que cette règle se vérifie une nouvelle fois. Nous nous devons, rédacteurs d’OSFUC de vérifier chaque film du monsieur, car nous ne sommes pas à l’abri d’une œuvre phénoménale sortie de nulle part. Rassurez-vous, rien ne change, c’est toujours sans intérêt.
Entre un scénariste qui se rêve réalisateur (Aaron Sorkin pour Being the Ricardos), et un acteur qui s’imagine réalisateur, Amazon Prime accumule les ratés, et confirme comme ligne éditoriale que l’art de la mise en scène n’est pas réservé à tout le monde. The Tender Bar en est la consécration crasse. Pas faute d’avoir fait appel aux copains : Ben Affleck, Ty Sheridan, Lily Rabe et Christopher Lloyd. Un casting au premier abord sympathique, qui manque indéniablement de caractère. La direction d’acteur fonctionne uniquement lorsque Ty Sheridan et Ben Affleck jouent ensemble, autrement c’est le pilote automatique. Nous suivons l’histoire de J. R. Moehringer, vivant seul avec sa mère et à la recherche de son père. Il est proche de son oncle, gérant d’un bar qui l’amène à s’intéresser à la littérature. L’histoire a lieu dans les années 70 à Long Island, et témoigne de son évolution.

The Tender Bar aurait été parfait en présentation au festival de Deauville, caressant les même tropes d’un cinéma dit indépendant US. J.R. serait légitime d’en vouloir au scénariste de transformer son histoire en une accumulation sans intérêt d’événements qui nous donnent l’impression que son autobiographie est quelconque. George Clooney ne sait pas quoi raconter et décide de filmer les grandes lignes de l’histoire sans se concentrer sur une thématique. Une grossière erreur quand la personne en question est un inconnu du grand public. Ce qui fonctionne le plus est sans aucun doute la relation paternelle entre l’oncle Charlie (Ben Affleck) et J. R. (Ty Sheridan). Il fait exister une éducation, et un équilibre pour l’enfant qui aide finalement ce dernier à se prendre en main. Cependant l’oncle, bien que présent, semble toujours au second plan et n’est utile qu’en déclencheur permettant à J. R. d’évoluer. Tout semble accumulé et factice.
Le long-métrage ne sait pas comment il tient debout, comme si une personne ivre essayait de faire tenir un légo avec du scotch. La voix off est un aveu de faiblesse et essaie constamment de combler les trous narratifs. On pense notamment aux scènes représentant le passage à l’âge adulte, ou le film présente des séquences du personnage adulte en plein récit du passé, et ce, sans aucune justification. The Tender Bar prouve ainsi que sa mise en scène est absente et peu inventive. Car tout est mécanique, sans vie et profondément ennuyeux. George Clooney veut trop en faire, et survole la relation avec l’oncle Charlie mais également l’histoire d’amour de J. R. avec Sidney, une étudiante de Yale. Une scène est d’ailleurs symbolique de l’idiotie du film. J. R. retrouve son père, ils décident d’aller diner chez lui. Il est témoin assez vite de violences conjugales. Il se rebelle à moitié en lui exprimant le mépris qu’il lui voue et regarde la femme battue pour lui demander le téléphone. Cut. La police coffre le père violent. Si c’était aussi simple. C’est également la phrase qu’on pourrait exprimer à George Clooney. Si c’était aussi simple de faire un bon film.
Il existe un film indécemment mauvais de George Clooney, c’est Minuit dans l’Univers, une atrocité venant de l’espace. The tender bar tient mieux la route mais continue de révéler une médiocrité latente qui existe dans son cinéma. Notre mission est faite, RAS, il n’y a encore rien à voir ici.
The Tender Bar de George Clooney. Écrit par William Monahan et J.R. Moehringer. Avec Ben Affleck, Ty Sheridan, Lily Rabe… 1h46
Sorti le 7 Janvier 2022 en SVOD