Across the universe : Carry that weight

Jude (Jim Sturgess), docker à Liverpool vivant avec sa mère, décide de s’enrôler dans la marine marchande dans l’espoir de retrouver son père, un G.I américain. Il abandonne ses repères pour découvrir l’Amérique de tous les excès, et, grâce à une colocation avec Max, rencontre la sœur de ce dernier, Lucy (Evan Rachel Wood). Dès lors, Across the universe s’axe sur les amours des deux jeunes, tiraillés par l’Histoire américaine des années 60/70…

Comédie musicale totale, le choix des Beatles n’est pas anodin tant la retranscription de leurs paroles en images offre des moments grandioses. S’ils sont très nombreux, même majoritaires dans la narration, les passages usant des chansons ne sont pas gratuits, et usent des textes pour offrir une vision de l’action. On suit les déambulations de ces jeunes en proie à leurs amours respectives sur Hold Me Tight, All My Loving, avant que les rencontres croisées ne se fassent sur With A Little Help From My Friends, l’arrivée de la guerre du Vietnam avec I Want You (She’s So Heavy)…. Des séquences qui passent de la comédie musicale typique, avec chant et chorégraphie, à la pure métaphore psychédélique qui ne ménage aucun de ses effets. Avec des tentatives de mise en scène toujours innovantes, quitte à quelquefois atteindre le trop plein, chaque morceau devient un voyage. Métaphores brillamment utilisées qui renforcent un répertoire musicale déjà riche de double sens. Celleux qui ne comprennent pas la notoriété des Beatles et pourquoi leurs amateur·ices les déclarent comme le groupe qui en dix ans a bouleversé tous les horizons musicaux découvrent une musicalité hors-normes, teintée d’expérimentations et qui se voit offrir un hommage qui retranscrit à merveille le génie de ses membres. Julie Taymor a d’ailleurs l’intelligence de ne pas puiser dans le répertoire le plus connu du groupe (bien qu’il soit difficile de considérer des morceaux comme moins reconnus que d’autres) ; au milieu de morceaux qui font mouche dans l’imaginaire collectif (Let It Be, Helter Skelter…), des choses moins évidentes, à l’image de Strawberry Fields Forever, issu du Magical Mystery Tour (1967), album empli de surprises et de titres représentatifs de leur époque.

Au casting déjà grandiloquent s’ajoutent des invité·es de marque, tels que Joe Cocker venu pousser la chansonnette sur Come Together, Bono pour I Am The Walrus, Eddie Izzard pour Being For The Bene?t Of Mr Kite ou encore Salma Hayek sur Happiness Is A Warm Gun. Chacun·e représente un personnage extravagant déjà présent dans les titres des Beatles, et les scènes s’axent autour d’elleux pour leur offrir la vedette d’un show épique le temps d’un morceau. Tou·tes accompagnent Lucy et Jude dans leurs aventures, elleux qui vivent leur magni?que histoire d’amour jamais unilatérale mais semée d’embûches, de visions qui s’éloignent quand Lucy veut entrer dans la révolte guerrière et que Jude pense qu’il peut dénoncer les injustices uniquement par l’art. Deux êtres qui se retrouvent quand leur amour est plus fort que toutes les choses qu’ils entreprennent. Un amour qui est aussi celui du groupe d’ami·es que l’on découvre au fur et à mesure, de ces personnages attachants qui vivent au gré de leurs passions et de leur fougueuse jeunesse. Avec Across The Universe, Julie Taymor fait une triple déclaration d’amour. À ses personnages, pour lesquels elle voue une passion qui se sent à chaque angle de caméra, aux Beatles, qu’elle fait redécouvrir même aux plus ?ns connaisseur·ses, mais aussi à cette époque d’insouciance, où la jeunesse hurlait sa colère et son amour pour l’Art, pour la Liberté sexuelle, pour la Musique. On retrouve avec Sadie la soul, quand le chant devient plus qu’un son mais une âme, et avec Jo-Jo un sosie de Jimi Hendrix bien peu dissimulé.

Chaque personnage porte évidemment un nom issu d’un titre des Beatles (Hey Jude, Lucy In The Sky With Diamonds, Maxwell’s Silver Hammer, Jo-Jo présent dans le titre Get Back, etc.) et ce jusqu’au-boutisme peut aussi frôler une certaine indigestion. Les titres parfois s’enchaînent sans interruption narrative, et Julie Taymor se perd dans ses expérimentations de mise en scène qui peuvent parfois lasser. Mais la générosité de l’entreprise surpasse les quelques moments douteux, si tant est que l’on accepte cette incroyable invitation au voyage.

Across the universe, réalisé par Julie Taymor. Écrit par Dick Clement et Ian la Frenais. Avec Evan Rachel Wood, Jim Sturgess, Dana Fuchs… 2h07
Sorti le 28 novembre 2007

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