[CANNES 2018] Les Éternels : Éternellement long

Trois ans après Au-delà des montagnes et ses 8 nominations au Festival de Cannes, Jia Zhang-ke  revient avec Les Éternels, un drame chinois sur fond de pègre où l’amour perdure malgré les épreuves et les années. A travers un pays en évolution, Zhang-ke dissèque les relations amoureuses dans un couple entre une femme qui a évolué avec son temps tandis que sa moitié a régressé. Un nouveau film plutôt correct dans son ensemble mais péniblement long par moment.

En 2001, dans des maisons sinueuses où se cachent et jouent des membres de la pègre locale à Datong, la jeune Qiao tombe amoureuse de Bin, chef de cette pègre locale jusqu’au jour où, par amour – évidemment – elle défend son homme lors d’une bagarre qui tourne mal avec un gang ennemi. Condamnée à cinq ans de prison pour détention illégale d’armes, la jeune femme ressort une fois sa peine effectuée pour retrouver l’homme qu’elle aime avant de découvrir que ce dernier a refait sa vie avec une autre femme. Dix années se sont écoulées et Qiao, toujours fidèle à la pègre de Datong continue de faire marcher tout ce petit business alors qu’elle voit revenir dans sa vie Bin qui lui – au contraire – a été bien amoché par la vie et décide de retourner auprès de celle qui l’a jamais aimée.

Véritable romance étirée sur plusieurs décennies, Les Éternels nous offre parfois de magnifiques moments de tendresse, de poésie, d’amour, de désillusions et même de rires mais le réalisateur se laisse tomber dans les travers du « j’allonge cette séquence jusqu’à n’en plus finir pour faire genre », de quoi couper facilement une bonne demie-heure dans le film surtout dans sa première partie. Parce que là où le film démarre réellement c’est le long chemin que va parcourir Qiao à sa sortie de prison pour retrouver Bin qui l’a lâchement abandonné alors que celle-ci a quand même écopé de cinq ans de taule pour lui sauver les fesses. Véritable femme forte du film, elle use de tous les stratagèmes aussi sournois que drôle pour s’en sortir et dégage une véritable fougue qui éclaire la pellicule. De l’autre côté l’élément faible : Bin. Incapable d’assumer ses choix et d’être là quand il faut pour Qiao, il la quitte dans une scène absolument déchirante dans un motel du coin avant de revenir tête baissée vers elle alors que cette dernière avait déjà refait sa vie – bien que toujours célibataire -.

Magnifié par une photographie somptueuse, Les Éternels n’en reste pas moins un film qui sent le déjà vu. Entre amour et trahison il n’y a qu’un pas, entre Les Éternels et un bon film aussi. 

Les Éternels de Jia Zhang-ke. Avec Zhao Tao, Fan Liao… 2h30
Sortie le 26 décembre 2018

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