Dans le Brésil d’aujourd’hui, un groupe de jeunes femmes masquées sévit dans les rues de la ville et s’attaquent aux jeunes femmes qu’elles considèrent comme impures et ayant dévié du droit chemin. Parmi elles, Mariana, 21 ans. Pour elle, l’apparence est primordiale tout comme pour les autres filles qui font partie de leur groupe “The Treasures of the Altar” qui participe régulièrement à la vie de l’église (en chantant des chansons à la gloire de Dieu et en prêchant la bonne parole). Cependant, après une mésaventure à son nouveau travail, Mariana commence à remettre en cause tout le système qui l’entoure tout en prenant garde à ne pas éveiller les soupçons des autres filles pour ne pas subir le même sort que ces “impures”.
On aime les expériences déroutantes. Medusa en est une de A à Z. La réalisatrice s’inspire de faits réels qui se sont déroulés dans le pays où des jeunes femmes se faisaient tabasser et scarifier par d’autres jeunes femmes sous prétexte qu’elles étaient trop belles et qu’elles étaient donc un danger, qu’elles portaient des vêtements osés ou qu’elles avaient trop de “likes” sur leurs photos Instagram. Un fanatisme religieux doublé d’un masochisme qui déteint sur la jeunesse féminine. Qu’est-ce qui pousse réellement Mariana et ses amies à s’en prendre aux autres et à les humilier en les filmant et en les postant sur le net ? Un dogme religieux et une société profondément machiste basée sur les apparences : la beauté, la pureté (autant intérieure qu’extérieure) et cette idée encore ultra archaïque de la bonne petite femme au foyer.

Dès les premières secondes, Anita Rocha Da Silveira impose son style et ses influences. Une première scène de danse sous acide trempé dans le cinéma d’Argento et sublimé par une musique qui nous rappelle John Carpenter et son ambiance sombre. La photographie s’inspire des plus grand.e.s cinéastes du genre horrifique pour distiller une ambiance dérangeante entre ses ruelles sombres, ses images ultra saturées et à l’inverses ses scènes sous néons à l’église où se côtoient les faux sourires et les brushings parfaits. On pourrait imputer au film un montage et une narration parfois aléatoire – ce qui nous laisse avec un milieu de film aussi dense que foutraque – mais son énergie arrive à nous emporter dans quelque chose d’assez fou. Le mélange des genres fonctionne parfaitement entre horreur, drame et comédie lorsqu’il s’agit de se moquer de la société brésilienne.
Il est d’autant plus intéressant de se pencher vers le côté féminin du problème. Si les hommes du film sont de sombres abrutis (une scène de speed dating où la bande de bonhommes baraqués expliquent les uns après les autres que leur future femme doit être prude et attendre gentiment son mari à la maison), les femmes ne sont pas en reste. Totalement matrixées par la société, elles finissent par s’en prendre les unes aux autres alors qu’elles mêmes cachent des blessures (autant physiques que psychologiques). Le film est porté par une atmosphère ultra dérangeante, nous questionnant constamment sur notre société et le regard qu’on porte aux femmes et est sublimé par un casting charismatique dont Mari Oliveira qui est tout simplement hypnotisante.
Qu’il est revigorant de voir d’abord du cinéma brésilien mis en avant mais aussi d’avoir de telles propositions aussi graphiques qu’originales et osées. Medusa fait indéniablement partie d’une nouvelle vague féministe et rafraîchissante.
Medusa de Anita Rocha da Silveira. Avec Bruna G, Bruna Linzmeyer, Felipe Frazão… 2h07