Peu d’acteur·ices peuvent se targuer d’avoir joué autant de personnages iconiques du grand écran que Harrison Ford. Entre Blade Runner, Star Wars ou même Jack Ryan, l’acteur est passé par tous les styles durant sa longue carrière et revient aujourd’hui pour enfiler une dernière fois une de ses multiples casquettes, un chapeau d’archéologue. Les signaux semblent pointer timidement vers le vert pour ce nouveau volet des aventures d’Indiana Jones ; Ford est rejoint au casting par des talents incontestables comme Phoebe Waller-Bridge ou Mads Mikkelsen, le tout sous la direction de James Mangold, qui a prouvé avec Logan qu’il sait porter sur son dos le poids des légendes. Et pourtant… Il y a des matins comme ça, où le chapeau ferait mieux de rester au fin fond de la penderie.
42 ans après la sortie des Aventuriers de l’Arche Perdue, le Cadran de la Destinée retrouve ce cher Indy à l’aube de sa retraite et fort de ses aventures et gloires passées. Entre en scène sa filleule, Helena (Phoebe Waller-Bridge) qui l’entraîne à la poursuite du cadran d’Archimède, artefact supposé remonter le temps convoité par Schmidt (Mads Mikkelsen), un mystérieux physicien nazi.
Malgré les bonnes intentions évidentes de ses interprètes, ce cinquième volet d’Indiana Jones pêche par ses efforts apparents à être tout ce qu’il n’est pas ; ni iconique, ni intelligent, ni cohérent. La copie est pâle sous toutes ses coutures, le tout non aidé par un scénario aux ficelles immenses se promenant d’aventures en aventures de façon plus sérielle que véritablement cinématographique. Lorsque l’on ajoute à cela un ventre mou qui handicape les bons débuts du film en plus de reprendre allègrement les tendances orientalistes du premier volet, force est de constater que le tout aurait pu bénéficier d’une grosse demi-heure en moins. Les situations farfelues dans lesquelles se retrouvent certains personnages témoignent d’un véritable décalage entre la volonté de rendre compte du dépassement générationnel d’une légende à la manière d’un Top Gun : Maverick et un scénario voulant absolument gagner par le bon mot et non la bonne action. Lorsque l’on passe autant de temps à établir l’intelligence et le bon cœur d’un personnage pour qu’au final, il se retrouve dans des situations toutes plus stupides les unes que les autres…

Le pire étant, le film laisse une once d’espoir à son audience. Sa première partie d’introduction a du bon et et un dynamisme terriblement entraînant de par son rythme efficace et son style coloré, tous deux abandonnés dès la seconde partie. James Mangold, de manière surprenante, peine à trouver le ton de son personnage, lui conférant un humour retombant rapidement à plat ainsi qu’une armure narrative en acier impénétrable. Le film s’écroule quand les minutes s’égrènent, comme incapable de tenir sous le poids d’un héritage écrasant qu’il ne parvient jamais vraiment à toucher du doigt. Les scènes d’action n’en sont pas en reste, étant pour la plupart illisibles et charcutées au montage. Ainsi, le plus simple des mouvements d’une course poursuite en voiture se retrouve étouffé dans une overdose visuelle, où l’on ne sait jamais vraiment où arrêter son regard.
Les acteur·ices se retrouvent, sans surprise, affecté·es par ces manquements scénaristiques. Harrison Ford, égal à lui-même, parvient à trouver une alchimie assez plaisante avec Phoebe Waller-Bridge. Cette dernière brille toujours de charme et de charisme et parvient à sauver un personnage bancal et malléable. Mads Mikkelsen se débrouille dans son mieux, engoncé dans une écriture si clichée et dénuée de nuance qu’elle parvient à accomplir l’exploit de ternir son talent. La même chose peut être dite pour Boyd Holbrook, qui constitue quant à lui le pire gâchis du film. Ce raté fait particulièrement mal venant de James Mangold, qui utilisait si bien sa nonchalance et la tension qui en résultait dans Logan.

Indiana Jones et le Cadran de la destinée ne fait que brasser du vent. Il n’y a rien à raconter et rien à dire d’une galerie d’archétypes fades en tous genres. Sans être tout à fait mauvais, le film ne parvient pas à éviter la déception au vu de son décalage entre sa volonté de désacraliser une légende et l’attente compréhensible de l’audience d’une telle saga. Le tout est assez révélateur des productions vides et défaillantes de Disney dont nous avions parlé à l’occasion de la sortie de la série Obi-Wan. Enfin, après 42 ans de bons et loyaux services, il est temps de raccrocher le lasso au placard.
Indiana Jones et le Cadran de la Destinée de James Mangold. Écrit par Jez Butterworth, John-Henry Butterworth, David Koepp et James Mangold. Avec Harrison Ford, Phoebe Waller-Bridge, Mads Mikkelsen… 2h29
Sorti le 28 juin 2023
Il est vrai qu’Harrison Ford, quel talent. Cela me donne envie de revoir les premiers Indiana Jones. Je ne m’en souviens plus. Et visiblement il vaut mieux regarder le début de la saga que ce dernier opus. A toujours vouloir faire des suites, on laisse s’enfuir le charme d’une saga entière.
C’est certain, quitte à céder à la nostalgie, autant s’arrêter aux débuts de la saga ^^
Assez d’accord sur les aspects négatifs, le fait que quelque chose cliché avec cette réalisation de James Mangold, ou le fait que les acteurs n’aient tout simplement plus le même âge ! Pourtant j’ai trouvé ce film dynamique, touchant, juste, et selon moi ce film méritait de voir le jour !