Cette année, le 45e Festival de Deauville a décidé de mettre à l’honneur la femme avec des actrices reconnues telles que Kristen Stewart ou Geena Davis, qui recevront chacune un prix mais également du côté de la compétition avec des films réalisés par des femmes mais également des films sur les femmes. Swallow fait partie de cette seconde catégorie. Véritable cri de liberté envers un patriarcat étouffant pour une jeune femme cantonnée à son rôle de femme de.
Hunter mène à priori une vie parfaite. Un charismatique mari, une maison clinquante, de l’argent… rien ne semble lui manquer et pourtant. Enceinte de leur premier enfant, Hunter développe petit à petit un trouble du comportement alimentaire : le Pica, qui se caractérise par l’ingurgitation d’objets dangereux. Mettant sa vie en péril, la maladie d’Hunter cache pourtant un secret bien plus lourd.
Premier long-métrage de Carlo Mirabella-Davis, Swallow brille par une mise en scène quasiment chirurgicale. Cadrée, épurée, minimaliste tout comme la vie d’Hunter. Une vie cadrée qui se résume à bien s’habiller, tenir la maison et préparer le dîner pour son mari lorsqu’il rentre du travail. Un cadre patriarcal étouffant dès les premières minutes. Rapidement, la position d’Hunter parmi cette famille bourgeoise est établie. Un dîner à table, la jeune femme évoque une anecdote directement coupée par son beau-père. Sois belle et tais-toi. Quelque chose de malsain se dégage du film. Il suffit de voir la réaction d’Hunter lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte, comme si un fardeau en plus se posait sur ses épaules déjà fragiles. Tout s’enchaîne très vite après lorsqu’elle développe ce Pica. Avalant objets après objets sans se soucier des répercussions sur sa santé. Une maladie qui devient salvatrice à travers la douleur qu’elle provoque et qui permet à Hunter de se dégager des carcans imposés par le patriarcat.
Es-tu heureuse ou fais-tu semblant d’être heureuse ?
Derrière cette image parfaite qu’essaie de dégager Hunter, que ce soit avec sa maison ou son couple, on ressent à chaque instant une femme brisée ; pas seulement par sa condition de femme mariée mais par quelque chose de plus profond. D’ailleurs, la faiblesse du film réside dans la construction de son scénario. Sachant pertinemment qu’Hunter a probablement un passé compliqué, le noeud de l’intrigue met énormément de temps à arriver pour finalement nous être largué au détour d’une conversation sans véritable trame narrative, qui finit par minimiser l’impact de cette révélation. Une révélation menant à une confrontation forte en émotion, tout en retenue et qui permet enfin à son personnage principal de se libérer. Une liberté qu’il a fallu gagner à travers la douleur et une dernière étape menant à une émancipation totale de cette belle-famille et de ce mari qui dévoile son véritable visage dans les dernières minutes du film.
Inspiré par la vie de sa grand-mère, Carlo Mirabella-Davis nous offre une différente vision de l’émancipation féminine et de comment un évènement peut affecter quelqu’un d’une autre manière que la dépression, la violence ou autre. Haley Bennett livre une performance sans faute, bouleversante et qui n’a besoin que d’un regard pour nous transmettre sa douleur.
Swallow de Carlo Mirabella-Davis. Avec Haley Bennett, Austin Stowell, Elizabeth Marvel… 1h34
Sortie le 15 janvier
[…] avions découvert Swallow au dernier Festival de Deauville et nous avions eu un vrai coup de cœur pour ce film sensible et […]
[…] Swallow : Souffrir pour vivre : https://onsefaituncine.wpcomstaging.com/2019/09/08/deauville-2019-swallow-souffrir-pour-vivre/ […]