[CRITIQUE] Le Chat Potté 2 : La dernière quête : Dreamworks sort les griffes !

Assis dans la salle de cinéma, en attendant le début de la projection, le portable d’un collègue critique sonne. La musique qu’il utilise comme sonnerie, « Fairytale » issue du film Shrek, rappelle les propositions de Dreamworks depuis le dernier volet de sa saga phare et, soyons honnêtes, cela n’a rien du conte de fées. Mis à part à travers quelques fulgurances telles que Les Cinq Légendes (2012) ou les volets 2 et 3 de la saga Dragons (2014/2019), Dreamworks semble avoir laissé son âge d’or derrière lui. Surprise lorsqu’avant le film, leur nouvelle introduction se dévoile, allongeant le simple mouvement de canne à pêche de l’enfant sur la lune. La maison de production modernise son logo et propose une véritable rétrospective de ses films clés. Avec cette actualisation de leur introduction, non sans rappeler celle de Marvel, Dreamworks semble vouloir communiquer son entrée dans une nouvelle ère, comme si le studio indiquait vouloir revenir au premier plan.

Dès les premières minutes du Chat Potté 2 : La dernière quête, nous sommes convaincus d’une chose : le studio a fait un incroyable bond en avant en termes de qualité d’animation. Empruntant à ce qu’avait parfaitement réussi Spider-Man New Generation (2018), on assiste ici à un véritable tournant dans l’esthétique Dreamworks. Un travail déjà pressenti dans leur dernière production, Les Bad Guys (2022), sans que le concept n’y soit réellement poussé. Ici, Le Chat Potté 2 : La dernière quête est un film qui ose et s’amuse avec son esthétisme. L’animation 3D se mélange à des aplats de 2D afin de nous offrir des plans pouvant faire office de véritables tableaux. Ce goût du risque, le film le prend également dans ses choix de montage, n’hésitant pas à expérimenter des techniques absentes des dernières productions Dreamworks. C’est par exemple le cas d’une séquence d’errance du Chat Potté durant laquelle l’action prend place en surimpression d’images à travers le corps même du protagoniste principal. 

Universal Pictures/Dreamworks

L’introduction du film, l’une des plus belles de l’année, met en scène le Chat Potté ayant pris la place d’un aristocrate organisant une grande fête. Outre l’excellence de la chanson appelée à devenir culte, la scène prend de l’ampleur à l’arrivée des soldats venus chasser le matou. Des combats d’épées jusqu’à l’arrivée d’un géant de pierre anéantissant le village, tout dans cette séquence respire la perfection technique et fait transparaître le plaisir pris par les animateurs à la créer. Pour beaucoup, le film emprunte à l’univers du jeu vidéo. Dans cette première séquence, les mécanismes de combats ne sont pas sans rappeler celles de certains jeux à la troisième personne au sein desquels importe la sélection de l’ennemi que l’on souhaite attaquer, phase que le film parvient aisément à retranscrire. Contant l’histoire d’un Chat Potté arrivant à la dernière de ses neuf vies et partant en quête d’un moyen de retrouver ses vies précédentes, celui-ci se retrouve en possession d’une carte menant à l’étoile de l’ultime souhait. À la manière d’un choix de personnage dans un jeu vidéo, les décors évoluent en fonction du personnage qui tient la carte afin de refléter sa personnalité. Cette quête mène par ailleurs à une sorte d’arène dans laquelle aura lieu le combat final et convoquant dès lors les MOBA (Multiplayer Online Battle Arena), jeux vidéo de batailles en multijoueurs dont les limites du terrain sont définies par un système d’arène. 

Là où le premier film centré sur le Chat Potté renie sa paternité avec la saga de l’ogre vert, ce second film n’hésite pas à rattacher, par de petits éléments, le film à la saga d’origine de son héros. Sans avoir recours à un fan-service débordant, Le Chat Potté 2 : La dernière quête brosse le spectateur dans le sens du poil en lui fournissant le parfait dosage d’éléments lui rappelant les films Shrek. Malgré un dernier tiers brouillon et un peu fourre-tout, nous retenons du Chat Potté 2 une première partie marquée d’une maturité impressionnante. Avec ce film, Dreamworks se trouve là où on ne l’attendait pas, dans la manipulation de thématiques fortes telles que la peur de la mort ou le besoin de se sentir admiré par les autres. Principalement concentrés dans la première moitié du long-métrage, le traitement de thématiques plus adultes permet aux réalisateurs de s’essayer à divers style de mise en scène. Ils empruntent alors autant aux codes du western qu’a ceux du vigilante movie, afin de penser Le Chat Potté 2 de manière plus libre, par dessus les codes de l’animation. Parler d’un film Dreamworks en tant que film briseur de codes peut nous sembler incongru, mais l’apparente liberté offerte au duo leur permet de nous offrir une proposition différente.Véritable coup de patte, Le Chat Potté 2 : La dernière quête est le film qui remet Dreamworks sur les bons rails.

Le Chat Potté 2 : La dernière quête réalisé par Januel P. Mercado et Joel Crawford. Ecrit par Paul Fisher (II) et Christopher Meledandri. Avec Antonio Banderas, Salma Hayek…
Sortie le 7 décembre 2022

2 Commantaire
  • 08/01/2023 at 20:05
    Chabach

    Vous n avez dit as su voir le fond du message
    Pour moi il reflète la phrase sybilline:
    Votre vraie vie commence lorsque vous comprenez que vous n’en avez qu’une.
    Et c ‘est tout. Merci

  • […] l’aura découvert récemment avec l’audacieux Le chat potté 2 et les rafraîchissants Bad guys : Dreamworks en a encore sous le capot. Le studio […]

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