Alors que la première saison de Gangs of London vient de débarquer sur MyCanal, Xavier Gens, qui la co-réalise, revient avec un nouveau long-métrage qui semble signer un renouveau chez le cinéaste français alors que son dernier film – la comédie Budapest – n’avait pas franchement marqué les esprits.
Sam est un détenu exemplaire qui fait tout ce qui est en son pouvoir pour repartir sur de bonnes bases. Rien ne se passe comme prévu lorsque pendant une permission, son passé le rattrape, lui faisant provoquer un accident. Sa seule solution est de fuir loin de la France. Cinq ans plus tard, il a refait sa vie en Thaïlande, où il a fondé une famille. Mais Narong, le parrain local, l’oblige à replonger dans la délinquance. Quand Sam veut tout arrêter, Narong s’attaque à sa famille… Sam traverse le pays pour se venger de son bourreau.
Si on a connu un Xavier Gens au style très énervé avec des films comme Hitman, The Divide ou encore Frontière(s), ces dernières années étaient marquées par des propositions bien moins marquantes. Avec Farang, il revient à quelque chose de beaucoup plus brut. En s’attaquant au revenge movie, il ne cherche pas à renouveler le genre puisqu’on se retrouve dans un récit classique du mari meurtri par la mort de sa femme et qui décide de se venger, avec comme promesse pour le/la spectateur·ice de dézinguer du méchant pour finir en apothéose dans un bain de sang. C’est plutôt du côté de la réalisation que Xavier Gens déploie un savoir-faire qui n’est pas sans nous rappeler l’excellent Balle perdue 2.
Danse avec les méchants
On pourrait reprocher au film une bonne quinzaine de minutes en trop qui correspondent à l’introduction du personnage de Sam. Beaucoup de temps passé en prison avant le fameux incident, son exil en Thaïlande et sa nouvelle vie qui n’est pas forcément utile quand on sait que ça va frapper dans le dur juste après – et c’est tout ce qu’on attend. Quelques bribes du style Gens se dessinent déjà lors de la confrontation qui pousse Sam à fuir, une caméra très fluide qui suit les mouvements au plus près, une générosité dans l’action, dans les os pétés et le sang. Tout est là pour nous faire saliver.
Un pari tenu puisque tout ce qui suit le meurtre de la femme de Sam n’est que baston sur baston. Aidé par Jude Poyer comme chorégraphe qui a déjà travaillé avec Gareth Evans (créateur de Gangs of London) mais aussi sur la célèbre scène de combat dans l’église dans Kingsman, Xavier Gens propose un film survitaminé à la bande son énervée suivant le rythme des coups assénés par Sam. Lui qui s’était rangé est devenu une véritable machine de guerre prête à tout écraser comme si plus rien ne pouvait l’arrêter (pas même un coup de lame dans le crâne). Les confrontations s’enchaînent sans nous laisser le temps de reprendre notre souffle et c’est tant mieux. Nous voilà coincé·es dans une spirale de violence où l’on sait très bien que personne ne sortira indemne.
Si Nassim Lyes est plus que surprenant et s’investit corps et âme dans ce rôle qui lui sied à merveille, tou·tes ses adversaires sont impressionnant·es. Ce qui n’est pas si étonnant lorsqu’on sait que la plupart d’entre elleux sont des combattant·es-cascadeur·ses que l’on a pu croiser dans les films de Donnie Yen ou encore Jackie Chan. Oliver Gourmet quant à lui est la caution force tranquille de ce long-métrage. Parrain de la mafia local, l’acteur réussit à dégager quelque chose d’à la fois calme et angoissant, comme si tous ses prochains mouvements étaient imprévisibles.
Farang regorge d’excellentes idées créatives. Sans aucune limite, Xavier Gens nous propose une œuvre rare, qui n’a pas peur de se salir les mains et pousse le vice jusqu’au bout sans jamais rien s’interdire. C’est furieusement gore, c’est du Xavier Gens à son meilleur.
Farang, de Xavier Gens. Écrit par Guillaume Lemans et Xavier Gens. Avec Nassim Lyes, Loryn Nounay, Olivier Gourmet… 1h39
Sortie le 28 juin