[CRITIQUE] La Forme de l’eau : L’amour sous toutes ses formes

Cette année la course à la statuette dorée au mois de mars prochain est effrénée. Alors que Call me by your name et Lady Bird sont les deux derniers prétendants à sortir dans nos salles obscures la semaine prochaine, cette semaine voit débarquer le tant attendu et acclamé La Forme de l’eau  – The Shape of water en V.O -, dernier bébé de Guillermo Del Toro déjà couronné dans la plupart des cérémonies, lui assurant – quasiment – l’Oscar du Meilleur film. Une fable autant poétique que politique.

image-2477718c-7c75-4b85-b618-c18498ec21ecNotre conteur mexicain préféré n’a pas encore fini de nous faire rêver. Trois ans après Crimson Peak, Guillermo Del Toro quitte le film d’épouvante pour revenir à un cinéma plus subtil, une histoire d’amour autant des humains que de ses monstres que lui seul a le secret. Elisa mène une vie simple et discrète en tant qu’employée de ménage dans un laboratoire gouvernemental secret avec son amie Zelda également femme de ménage et son ami Giles dessinateur-illustrateur quand tout bascule le jour où une étrange créature est amenée au laboratoire. Une histoire alors unique verra le jour entre Elisa et cette créature aquatique.

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Avec une élégance rare, Guillermo Del Toro nous conte pendant un peu plus de deux heures la beauté et l’universalité d’un amour improbable entre Elisa, cette jeune femme muette et cette étrange créature amphibien elle aussi dénuée de parole. Un handicap qui les rapproche inexorablement, prônant ainsi l’égalité et l’amour peu importe sa forme. “When he looks at me, he doesn’t know how incomplete I am” explique-t-elle. Deux âmes en peines qui se réunissent pour ne former plus qu’un, seuls contre le reste du monde et notamment cette société. Dans une Amérique en pleine guerre froide où le pays était acclamé pour sa grandeur et l’image idéale qu’elle renvoyait, nos quatre protagonistes (Elisa, le monstre, Zelda et Giles) font figure d’exception, de ceux qui ont été oublié – une critique directe de la politique de Trump qui prétendait vouloir redonner sa grandeur aux Etats-Unis – entre une femme muette, une noire, un gay et une créature surnommée “l’atout”.

Pourquoi “l’atout” ? Parce que en temps de guerre, tous les moyens sont bons pour écraser son rival. Cette créature capturée par la CIA et hautement convoitée par les Russes fait l’objet de toutes les querelles possibles et imaginables ainsi que d’ignobles tortures menées par Richard Strickland joué par un Michael Shannon au regard noir, tendu… le véritable monstre est sous nos yeux depuis le début. Nos trois protagonistes aidés par un Michael Stuhlbarg (présent également dans deux autres films en compétition pour l’Oscar du meilleur film : Pentagon Papers & Call me by your name) attendrissant vont s’allier pour protéger la créature et lui rendre sa liberté jusqu’à un final aussi sombre que dévastateur.

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Sally Hawkins est absolument divine où toutes ses émotions passent par ses regards, ses gestes toujours tendres et cette petite manie qu’elle a de toujours danser, nous offrant ainsi une interlude musicale et dansante des plus belles avec la créature. Cette créature justement, aussi fascinante qu’elle est hypnotisante à observer. Maître de l’histoire, c’est elle qui tire les ficelles. Maître de l’élément principal du film (l’eau), elle est celle qui offre une nouvelle vie à Elsa, qui nettoie les pêchés et punit les méchants. Une métaphore qui paraît aussi simple et évidente mais qui sert à merveille l’enveloppe charnelle du film. Tout comme l’eau, l’amour n’a pas de forme précise, se distille ci et là, l’amitié entre Zelda et Elsa ou encore le lien qui unit Giles et Elsa.

Véritable conte universel, embrassant les genres et les thèmes les plus chers à son créateur, La forme de l’eau est une petite merveille enivrante, célébrant l’amour sous toutes ses formes.

4 étoiles

La forme de l’eau de Guillermo Del Toro. Avec Sally Hawkins… 2h03
Sortie le 21 février

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