“C’est ton moment”. Armie Hammer l’a entendu maintes et maintes fois – et pourtant à juste titre – mais l’acteur de 31 ans n’a jamais encore réussi à transformer l’essai et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Mais malgré ce manque de reconnaissance flagrant de la part de l’industrie hollywoodienne, le garçon a toujours su choisir ses rôles, sans s’enfermer dans un genre pour finalement entre-apercevoir – enfin – un peu de reconnaissance pour sa performance dans Call me by your name.
Ce qui est assez incroyable avec le personnage est dès qu’on évoque Armie Hammer et sa carrière d’acteur on ne peut s’empêcher de le ramener à ses origines et notamment Armand Hammer, son arrière grand-père riche industriel et collectionneur américain. Est-ce que venir d’une famille aisée sous-entend que vous êtes un mauvais acteur désormais ? Oui il est beau, oui il est riche et alors ? Un propos digne des meilleurs ragots de comptoir de bar mais qu’il fait toujours bon d’évoquer (comme l’a pu faire une journaliste dans un article de Buzzfeed entraînant par la suite la fermeture du compte Twitter de l’acteur, avant de le ré-ouvrir quelques temps après) histoire de se faire mousser. Il n’empêche que pour parvenir à ses fins, Armie s’est donné du mal – en déplaise à certains – en conjuguant scolarité au Pasadena City College ainsi que cours de théâtre à l’UCLA (le jeune homme voulait arrêter les cours pour se consacrer au théâtre mais ses parents ont refusé). Difficile cependant, lorsqu’on vient d’une famille aisée de se faire une place désirée dans l’industrie cinématographique – le business préférant des gars aux histoires et aux passés plus cabossés -.
“C’est quelque chose contre lequel je vais certainement devoir me battre tout au long de ma carrière, que les gens me prennent au sérieux en tant qu’acteur et pas seulement comme quelqu’un de beau. Ce n’est pas pour ça que je veux être connu.”
Après quelques apparitions dans des séries tv, Armie obtient son premier rôle au cinéma en 2008 dans Billy : The Early Years mais c’est en 2010 qu’il est enfin sous le feu des projecteurs à l’âge de 24 ans dans The Social Network de David Fincher dans lequel il tient un double rôle : celui des jumeaux Winklevoss. Cette première incursion remarquée dans le petit monde du cinéma lui permet de collaborer avec de grands noms comme Clint Eastwood dans J.Edgar où il partage l’affiche avec DiCaprio. On le retrouve l’année suivante dans Blanche-Neige puis arrive 2015. L’année qui aurait du tout changer pour l’acteur.
A l’affiche de la nouvelle superproduction de Gore Verbinski Lone Ranger aux côtés de Johnny Depp – rien que ça -, Armie voit ses débuts de grande carrière reconnue s’effondrer aussi vite lorsque le film sort : c’est un échec cuisant aussi critique que commercial alors que le film est loin d’être honteux, véritable proposition de blockbuster sortant des carcans habituels, qui tient la route et où l’on voit chaque dollar dépensé à bon escient. Il n’empêche que le film fait perdre près de 200€M de dollars à la firme Disney et le film qui devait faire d’Armie Hammer une superstar bankable passe bien vite aux oubliettes.
Le bonhomme ne se démonte pas pour autant et enchaîne les projets – malheureusement – sans jamais réussir à percer que ce soit dans Agents très spéciaux : Code U.N.C.L.E de Guy Ritchie où il donne la réplique à Henry Cavill en 2015 ou en 2017 où il enchaîne plusieurs projets : Nocturnal Animals, The Birth of a nation, (le totalement sous-estimé) Free Fire, Mine (sortie en DVD) ou encore le film d’animation Cars 3 où il prête sa voix au nouveau méchant. Et malgré tous ces projets, le bonhomme garde l’image de celui qui a “failli” se faire un nom, un vrai – comme il me mériterait depuis le temps qu’il trime -.
Celui qui aurait dû être le Batman de George Miller (Miller et la Warner avaient comme projet Justice League Mortal mais à tout juste 19 ans pas sûr que le garçon aurait eu les épaules pour… quoique) va peut-être enfin réussir à transformer l’essai près de 10 ans après ses débuts avec Call me by your name dans lequel il joue Oliver, le love-interest d’Elio. Acclamé par la critique, le duo qu’il forme avec le tout jeune Timothée Chalamet fait des ravages partout où ils passent et permet à Armie de décrocher sa toute première nomination aux Golden Globes dans la catégorie Meilleur second rôle masculin ainsi qu’une nomination aux Critic Choice Awards et aux Film Independent’s Spirit Awards et enfin une reconnaissance de la part des critiques. Parce qu’une fois de plus, le gaillard d’1m96 nous prouve qu’il a tout pour être un grand acteur. Totalement snobé par la profession depuis des années, il irradie le film par sa justesse et son émotion – autant que Timothée Chalamet, à croire qu’ils étaient fait pour faire un film ensembles -. Et c’est après plus d’un an de promotions et d’interviews en tout genre que l’aventure Call me by your name touche à sa fin et qui aura – on l’espère – réhabiliter le talent à la hauteur de l’acteur.
Cependant le mari et père de deux enfants (Harper et Ford) ne compte pas se reposer sur ses lauriers et enchaîne aussitôt les nouveaux projets puisqu’il sera accompagné de Dev Patel (Lion) pour Hôtel Mumbai, Sorry to bother you projeté au dernier festival Sundance, On the basis of sex aux côtés de Felicity Jones, Freak Shift ainsi qu’un projet de film horrifique dont le nom officiel n’a pas encore été communiqué. Il se murmure même qu’une suite à Agents très spéciaux : Code U.N.C.L.E est en cours d’écriture et rien que pour ça on a hâte de suivre la carrière de l’acteur.
Alors après dix ans de dur labeur, oui Hollywood il serait peut-être de reconnaître le talent du gaillard au bout d’un moment. Et si tu nous lis Armie, nous on t’aime et ton talent sera enfin reconnu à sa juste valeur, c’est juste le business qui ne sais pas à côté de quoi il passe.