Le cinéma d’animation a encore bien du mal à se faire une place au Festival de Cannes. L’année dernière, les aventures du Petit Nicolas ont ravi le Grand Théâtre Lumière. Cette année Linda veut du poulet se retrouve à l’ACID, Mars Express sur le Cinéma de la plage et Robot Dreams en Séance spéciale. Une légère amélioration même si on aimerait que le festival déroule le tapis rouge – au même titre que les autres films présentés – à l’animation.
Dans un New-York peuplé d’animaux qui ne parlent pas, DOG est un chien solitaire au quotidien morne. Tous les soirs il fait réchauffer la même boîte de Mac & Cheese qu’il mange seul en zappant devant sa télévision. Un soir, il tombe sur une publicité proposant d’acheter un robot destiné à devenir son meilleur ami. Ni une, ni deux, DOG achète et monte dans la foulée son Amica 2000. À eux deux, ils se lancent à l’aventure au coeur de la Grosse Pomme pour découvrir le monde, s’amuser, jouer, faire du roller… un nouveau goût à la vie qui le – nous – revigore mais qui s’avère de courte durée, un évènement malencontreux forçant les deux nouveaux amis à se séparer. L’attente s’installe, la promesse de retrouvailles aussi, qui fait aussi adopter la solitude du point de vue du robot, attendant patiemment que son produit ami revienne le chercher. Dès ce choix, nos cœurs se brisent, et nous embrassons la détresse des personnages. Pablo Berger a réussi son pari d’empathie, Robot dreams nous emporte. Le concept de l’amitié, les sacrifices que l’on est prêt·e à faire pour celuiel qu’on aime, le film questionne des thématiques fortes, et s’il parvient à nous faire retrouver le sourire, il maîtrise nos émotions et peut les faire basculer en un claquement.

Après avoir fait sensation avec Blancanieves en 2012, le réalisateur espagnol se lance dans le cinéma d’animation en adaptant le roman graphique de Sarah Varon. Un pari risqué puisqu’il ne contient aucun dialogue. Toute l’histoire passe à travers les expressions faciales et les bruitages des différents personnages. Pablo Berger développe – avec finalement un trait assez simple – un immense univers qui n’est pas sans rappeler Zootopie. Il s’amuse même à glisser des petites références cinématographiques et littéraires : Pet Semetary de Stephen King (qui a offert quelques jolis rires dans la salle), un robot qui se prénomme Robocop ou encore une très belle scène de rêve de la part du robot qui s’imagine dans Le Magicien d’Oz.
Avec ses deux personnages attachants par leur solitude et comment ils réussissent à créer un tout, Pablo Berger nous offre une ode à l’amitié remplie de douceur, parfois amère mais c’est ça aussi l’amitié, les bons comme les mauvais moments. On espère retrouver ces deux compagnons qui ont conquis nos coeurs mais en attendant on se contente de faire du roller sur September de Earth, Wind & Fire.
Robot Dreams écrit et réalisé par Pablo Berger. 1h30