Le Montana. Si on s’imagine que la terre des rednecks se limite au Texas/Kansas/Mississippi, c’est mal connaître notre chère Amérique profonde. Au milieu des concours de celui/celle qui avale le plus de tartes, des familles sur-armées et du racisme primaire, Mickey tente de survivre, d’assumer un environnement toxique qui lui semble son fardeau par défaut, mais aussi de s’en échapper.
Son environnement toxique, on se le prend rapidement en plein dans le coin de la gueule. À partir de là, on est piégé·e avec Mickey, à la merci des hommes qui la manipulent, la forcent à rester par obligation sociale. Son père, vétéran de la guerre en Irak en proie à l’alcoolisme, tente en vain la repentance, mais passe régulièrement d’un extrême à l’autre, de moments de délires où il confond sa fille avec son épouse défunte (avec évidemment tout le malsain qui se suggère sans qu’on ait besoin de le montrer), ses colères qui peuvent débarquer à n’importe quel moment ; mais aussi ses moments de douceurs, de doute, de sentiment d’abandon qu’il ne sait pas exprimer. Son petit ami qui n’est qu’un reflet en devenir de son père, la prend pour un objet sexuel et ne peut être capable de douceur que quand il s’agit de s’excuser et renouveler la confusion entraînant Mickey dans son cercle vicieux.
L’échappatoire arrive, par le biais d’une psychologue, capable d’écoute et de lui donner les clés nécessaires pour comprendre qu’une autre voie existe, mais aussi d’un nouvel élève de son lycée, qui l’attire, et surtout, la respecte. À partir de là, Mickey comprend qu’elle peut être aimée sans violence, que ce qu’elle a vécu n’est qu’illusion face à ce qu’elle peut comprendre, et qu’il est temps pour elle d’affronter les démons de son quotidien. Une narration simple mais qui percute, nous met face à des choix impossibles. Si l’on serre les dents chaque fois que l’on voit enfin notre héroïne avancer pour finalement la voir rechuter, on comprend ses difficultés, son attachement maladif à ses repères. Avec un amour de son personnage que l’on ressent à chaque plan, et une douceur constante, Annabelle Attanasio traite son histoire avec une justesse de tous les instants. Un film fort, toujours noble, qui nous met face à nous-mêmes.
Mickey and the bear de Annabelle Attanasio. Avec Camila Morrone, James Badge Dale, Calvin Demba… 1h26
Sortie prochaine