Son arrivée sur les écrans français aura été fastidieuse mais Boots Riley aura réussi. Après qu’un distributeur ai jugé le film trop “afro-américain”, c’est finalement Universal qui a récupéré le film pour pouvoir nous l’offre sur grand écran dès le 30 janvier prochain. Grand bien nous fasse car nous serions probablement passés à côté d’une grosse pépite indé et franchement ça nous aurait foutu les boules.
Le cinéma indépendant explose et se complait à dénoncer les inégalités toujours aussi importantes et le cinéma indépendant américain en est – et a toujours été – un très bon exemple. Mais ces derniers temps une tendance se dessine vers des films résolument pop avec de nouvelles propositions toujours plus abouties et jusqu’en boutiste que ce soit “Blindspotting” ou “Assassination Nation” pour parler de 2018. Et ce début 2019 sera marqué à coup sûr par le premier long-métrage de Boots Riley : “Sorry to bother you”. Tout commence lorsque Cassius Green décroche un boulot en tant que vendeur en télémarketing. Un univers impitoyable mais dans lequel il réussi à exceller et à rapidement grimper les échelons. Tandis que Cassius Green rentre dans les hautes sphères de la société – celles qu’il a toujours convoité -, ses amis se bat contre cette même entreprise car ils s’estiment exploités. Puis finalement entre dans le game le big boss de tout ça, un patron aussi extraverti qu’accro à la cocaïne qui a une vision bien ) lui du travail…
Boots Riley met les pieds dans le plat et jette à la gueule du capitalisme des piques colorées et cyniques comme il faut, juste assez pour nous faire rire mais aussi nous faire réfléchir. Sur un ton très décalé, on découvre d’abord comme Cassius Green réussit à grimper les échelons et pour cela rien de plus simple, il suffit de prendre une ‘’voix de blanc’’ comme l’explique son collègue. Rêvant de gloire et de richesse, Cassius en vient à oublier d’où il vient mais surtout les combats qu’il est censé défendre alors que ses amis et sa petite-amie se battant contre une entreprise qui les utilise quasiment comme esclaves dans un ton et une esthétique toujours tirés vers quelque chose qui tiendrait presque de l’absurde. Et c’est là toute la force du film, au lieu d’être un énième film qui surfe sur la tendance ‘’Je dénonce les inégalités’’, Boots Riley charge son canon pour tirer des boulets aussi énormes que ce que prépare Steve Lift le boss de l’entreprise qui a quand même son idée bien à lui. “Sorry to bother you” va ainsi sur des terrains absolument inattendus afin de prendre le spectateur au dépourvu à peu près toutes les 10 minutes une fois que la machine est lancée.
Et par dessus tout, Boots Riley réunit un casting incroyable avec des personnages haut en couleur mais sans qu’il y en ai un qui ai moins d’importance qu’un autre. Evidemment Lakeith Stanfield capte toute l’attention avec ses airs naïfs et son envie dévorante de réussir mais on ne peut que décemment saluer des prestations impeccables comme celle de Tessa Thompson, Steven Yeun ou encore Armie Hammer qui tient là sa performance la plus délurée de toute sa carrière et qui nous prouve que le bonhomme peut partir dans d’autres comédies.
Hilarant, extrême, inattendu, surprenant… Tant d’adjectifs pourraient correspondre à ce qui s’avère être la grosse surprise de cette fin janvier. L’attente aura valu le coup parce que quand certains décident de taper dans les corones du capitalisme américain, ça fait mal… très mal…
Sorry to bother you de Boots Riley. Avec Lakeith Stanfield, Tessa Thompson, Steven Yeun… 1h51
Sortie le 30 janvier